Tout ce que le secteur des personnes âgées compte d'associations et d'organismes était pourtant réuni, ou presque (1), avec des personnalités et des chercheurs rassemblés autour de Maurice Bonnet et de Geneviève Laroque (2) pour appeler, à la mi-janvier dernier, à la signature d'un manifeste intitulé « Une société pour tous les âges » et poser 12 questions aux candidats à la présidentielle (3). Malgré la représentativité de cet aréopage et de multiples relances, seuls six candidats avaient jugé utile de répondre avant le 11 avril. Quatre assez longuement - François Bayrou, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet et Ségolène Royal -, mais pas de manière précise sur les questions de financement, une - Arlette Laguiller - de façon lapidaire, et un - Nicolas Sarkozy - à la toute dernière minute, de telle sorte que le collectif n'a pas eu le temps de s'y pencher. Aucun candidat n'a donné suite à l'offre de rencontre en direct.
Indifférence ? incompétence ? Maurice Bonnet a, en tout cas, trouvé le ton des réponses plutôt « condescendant ». La plupart renvoient à une réflexion (encore à lancer malgré les multiples rapports et livres sur le sujet), à un « débat national », à une « conférence nationale »... « Comme si les candidats avaient pris la mesure des défis de la planète à 30 ans, mais pas encore de ceux de la démographie de notre pays à 10 ans », lance Pascal Champvert, président d'AD-PA (Asso-ciation des directeurs au service des personnes âgées). Le problème réclame « des solutions de long terme, sur plusieurs générations », reconnaît Sylvain Denis, président de la Fédération nationale des associations de retraités, tandis que les résultats, surtout qualitatifs, seront difficilement mesurables à la fin d'un quinquennat...
La déception est donc forte pour les membres du collectif, mais elle les confirme dans la nécessité d'ouvrir le débat dans la société sur les politiques du vieillissement (et pas seulement de retraite), sur les discriminations par l'âge, sur la prise en charge de la perte d'autonomie (à tous les âges), sur les moyens de la financer... Ils se préparent à relancer la question auprès des candidats du deuxième tour et ont commencé le siège des prétendants à la députation. Ils se proposent aussi de travailler entre eux pour avancer leurs propres propositions, la balance penchant d'ores et déjà du côté de la solidarité et de l'organisation d'une cinquième branche de protection sociale s'appuyant sur le précédent intéressant de la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie.
(1) Notamment l'AD-PA, la Fnadepa, la FHF, l'Uniopss, UNA, l'Union nationale ADMR, Adessa, France-Alzheimer, le Cleirppa... Un grand absent : la FEHAP.
(2) Respectivement ancien vice-président du CNRPA (Comité national des retraités et personnes âgées) et ancienne présidente de la Fondation nationale de gérontologie.
(3) Voir ASH n° 2491 du 26-01-007, p. 43. Le texte est toujours accessible sur