« Un calcul simple, à partir des créations nettes d'emploi et de l'évolution de la population active, conduit à penser que le chômage aurait bien baissé en 2006, mais dans des proportions moindres que ne l'indiquent les chiffres actuellement publiés par l'INSEE [Institut national de la statistique et des études économiques]. » Une note de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) (1) relance la polémique sur la réalité de la baisse du chômage, qui a enflé avec le report à l'automne prochain des résultats de l'enquête emploi de l'INSEE, « la seule source pertinente pour mesurer le chômage ».
Rappelons que le taux de chômage de décembre, à l'aune duquel le bilan annuel du gouvernement en matière de lutte contre le chômage est mesuré, est traditionnellement révisé en mars, chaque année, au vu de cette enquête. Mais celle-ci a, exceptionnellement, vu sa publication retardée, à la suite d'incertitudes techniques. L'OFCE a donc tenté d'établir lui-même à quel niveau devrait se situer le taux de chômage révisé.
La note met en regard la reprise indéniable de l'emploi (+ 247 000 créations nettes d'emplois en 2006, après 149 000 en 2005, selon l'INSEE) et l'évolution du nombre des actifs (+ 62 000 personnes). Résultat : avec 247 000 emplois créés, le nombre de chômeurs aurait dû baisser de 185 000 et non de 270 000. La « sur-baisse » du chômage, de - 85 000 personnes, s'expliquerait principalement « par les radiations et les reclassements effectués par l'ANPE ». « Si les personnes radiées sont toujours en recherche d'emploi et si les personnes reclassées étaient déjà en contrat aidé en 2005, les prochains résultats de l'enquête emploi pourraient conduire à réviser le taux de chômage en décembre 2006 de 8,6 % à 8,9 % de la population active », explique l'OFCE.
« En reportant la publication des résultats de l'enquête emploi au motif qu'ils conduiraient à une mauvaise estimation du chômage, l'INSEE a sans doute fait le meilleur choix technique... Mais la baisse du chômage est vraisemblablement moins forte que ne l'indiquent les statistiques actuellement disponibles », conclut-il.
(1) Chômage : en attendant l'INSEE - Matthieu Lemoine - Disp. sur