« La lecture de l'article de Joseph Rouzel à propos de l'émission de M6 «Super Nanny» donne l'impression que le métier de «coach familial» n'existe pas et qu'il pourrait se dessiner demain selon un mode consumériste, en dehors de toutes références sociales.
« Or ce métier n'est pas nouveau. Des coachs discrets, tenaces, volontaires, il en existe depuis plus de 100 ans. Les travailleuses familiales, dont le métier a été reconnu après la Seconde Guerre mondiale, sont devenues aujourd'hui les «techniciens de l'intervention sociale et familiale». Acteurs sociaux au coeur du domicile familial, les techniciens de l'intervention sociale et familiale sont pour la plupart liés à des services d'aide à domicile. « Petites mains » des métiers sociaux, ces professionnels agissaient, au début de leur histoire, comme «des mamans de secours» pour suppléer ou remplacer la mère surchargée, l'aider à éduquer ses enfants dans de bonnes conditions d'hygiène et de propreté (3). Aujourd'hui, ils sont les acteurs quotidiens du soutien à la parentalité, intervenant au coeur de la cellule familiale, en lien avec les partenaires qui les missionnent.
« Loin des projecteurs et des spots publicitaires, ces professionnels sont au jour le jour les accompagnateurs d'une dynamique familiale, avec ses joies et ses désillusions, ses victoires et ses déboires...
« Aider une très jeune maman à accueillir un enfant, permettre d'apprendre les premiers gestes, accompagner telle autre à poser des paroles éducatives, prévenir l'absentéisme scolaire, la violence, favoriser le lien social... En deux heures de coaching télévisé, le problème de la parentalité serait réglé, alors que les professionnels du quotidien s'y épuisent plusieurs semaines ?
« De qui se moque-t-on ?
« De ces parents qui ont fait de leurs «enfants rois» des despotes du domicile conjugal et à qui l'on fait croire qu'un coup de baguette magique viendra apaiser leurs doutes ?
« De ces professionnels TISF, tenaces et vertueux, qui, au fil du temps, permettent la restauration d'un équilibre familial ?
« «Nul ne peut éduquer sans douleur», explique la psychanalyste Claude Halmos (4), mais faut-il pour autant afficher des ordres sur un mur, manier la baguette, se poser en donneur de leçons ? S'il suffisait d'imposer des parcours du combattant chronométrés pour rendre les parents acceptables et les enfants obéissants, ceux qui oeuvrent depuis des décennies à l'accompagnement des familles l'auraient certainement déjà découvert !
« Nous avons la chance, dans le département de la Gironde, que l'action des TISF soit intégrée au schéma départemental de l'enfance : «un travail social qui se soucie de soutenir des parents dans leurs propres capacités parentales», cette «vieille lune» que défend Joseph Rouzel, reçoit ainsi un véritable appui. Les associations d'aide aux familles sont considérées comme des véritables partenaires et, surtout, l'action des TISF est valorisée à sa juste mesure. Il semblerait que ce ne soit pas le cas partout, ce qui est fort regrettable... »
(1) AFAD : 176, rue Achard - 33300 Bordeaux - Tél. 05 56 50 00 57 - E-mail :
(3) Voir l'ouvrage de Bernadette Bonamy, Technicien de l'intervention sociale et familiale - Ed. érès, 2005.
(4) Claude Halmos, Pourquoi l'amour ne suffit pas -Nil Editions, 2006.