Alors que « l'actualité ne cesse de rappeler les droits et les besoins vitaux des sans-domicile [...], la question spécifique des mineurs étrangers isolés n'émerge guère ». Tel est le constat dressé, dans une lettre ouverte (1) envoyée le 12 février aux ministres concernés, à la défenseure des enfants et aux présidents de conseils généraux par huit organisations (2). Celles-ci expliquent combien ces mineurs, qui relèvent de la protection de l'enfance en danger, sont condamnés à l'errance, voire à la clochardisation, en raison des réticences des services d'aide sociale à l'enfance (ASE) à les prendre en charge et de la « bienveillante neutralité » de l'Etat, chargé du contrôle de la légalité. Une attitude, expliquent les associations, motivée par « l'angoisse de l'appel d'air », soit la conviction « qu'un enfant étranger bien traité n'a d'autre urgence que d'en appeler quantité d'autres ». Par ailleurs, quand ces mineurs sont signalés, ajoutent-elles, les résultats de l'« examen osseux », « dont tous les scientifiques dénoncent l'imprécision et la non-fiabilité », rend la majorité des mineurs « administrativement majeurs ».
Les signataires demandent donc que cesse « cette attitude d'ignorance et de rejet » et que les conseils généraux et l'Etat prennent les mesures « qu'imposent le droit international, la loi nationale et le simple bon sens humanitaire ». Celles-ci passent, selon eux, par un changement d'attitude des services de l'ASE qui doivent « cesser de refuser leur prise en charge sous prétexte qu'ils n'auraient pas de projets d'installation en France ». Sachant que l'idée de s'établir en France implique « un accueil, des informations, un accompagnement socio-éducatif adaptés et le temps d'y réfléchir ». Les associations demandent également l'abandon de « l'instrumentalisation déloyale de la médecine par l'interprétation abusive des «examens osseux» » et l'adaptation des institutions éducatives aux besoins et à la personnalité des mineurs étrangers isolés.
(1) « Lettre ouverte sur les mineurs étrangers isolés » - Consultable sur
(2) La Cimade, le CSE (Collectif de soutien des exilés), le CSUR (Collectif de soutien d'urgence aux réfugiés), la FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés, le GISTI, le MRAP, RESF (Réseau éducation sans frontières), le Syndicat de la magistrature.