Ce congrès 2007 est pour nous une étape très importante. En 2001, nous avions adopté un « Livre blanc » avec trois objectifs : faire exister socialement la population des personnes handicapées psychiques, créer des espaces d'accueil dans la cité et promouvoir le partenariat entre les secteurs médical et social. Sur les deux premiers points, nous sommes en passe de réussir, avec la reconnaissance du handicap psychique par la loi du 11 février 2005 et la création de 300 groupements d'entraide mutuelle (GEM) dans la France entière en un an et demi. En revanche, sur le troisième point, c'est l'échec, le surplace. Alors, ce que nous demandions en 2001, nous l'exigeons maintenant. La psychiatrie doit s'ouvrir et travailler avec tous les acteurs sociaux, CCAS (centres communaux d'action sociale), élus, MDPH (maisons départementales des personnes handicapées)... Et réciproquement. Les professionnels du social, et tous les intervenants, doivent s'initier à ce qu'est la souffrance psychique et apprendre à agir en conséquence.
Nous sommes appelés de plus en plus souvent à prendre la parole devant des publics d'agents des CCAS, de contrôleurs SNCF, de policiers, de magistrats... Il est évident que tous les professionnels qui côtoient quotidiennement la détresse psychique devraient être formés. Un contrôleur SNCF sensibilisé au problème ne traitera pas un fugueur pathologique comme un simple fraudeur. Un travailleur social de CCAS recevant une personne qui vient solliciter un papier administratif de manière un peu curieuse ou agressive essaiera de ne pas résoudre seulement son problème administratif, mais de la diriger vers un réseau d'accompagnement. Derrière la souffrance, il faut apprendre à détecter une demande souvent non exprimée.
Notre travail traditionnel s'est organisé autour des adultes. Des familles nous demandent maintenant de faire la même chose envers les enfants et les jeunes. Ce n'est pas notre culture et nous avons encore beaucoup à apprendre en ce domaine. Mais il apparaît d'ores et déjà que l'accompagnement suppose une capacité d'évaluation et d'adaptation constante et impose, là encore, un travail en réseau de tous les intervenants - familles, soignants et gestionnaires des structures sociales inclus.
Pour installer une coopération, il faut d'abord l'accord des parties et, sur ce point, le ton a changé. Les représentants des usagers et des familles sont désormais en phase avec ceux des médecins et des établissements. Les psychiatres nous disent que nous les obligeons à inventer une nouvelle psychiatrie, ouverte sur la cité. Et puis, nous disposons d'un nouvel outil important depuis le décret du 6 avril 2006 qui fixe le cadre des groupements de coopération sociale et médico-sociale (2). Nous devons nous l'approprier, à la fois pour améliorer la continuité de l'accompagnement et pour veiller à une utilisation optimale des ressources et des personnels disponibles.
Bien sûr. Les MDPH sont des lieux créateurs de droits essentiels pour les personnes souffrant de troubles psychiques et 200 de nos bénévoles y sont déjà investis localement. La méconnaissance de ce nouveau public est presque totale et tout est à construire. Nous avons croisé les huit missions assignées aux MDPH et les six points indissociables de notre « plan Unafam » qui permettent une approche globale de la personne (continuité des soins, ressources, logement, accompagnement, protection juridique si nécessaire et offre d'activités si la santé le permet). Cela donne un tableau récapitulatif très simple de ce qu'il faut faire... Le travail est énorme, et nous allons donc nous y mettre... Heureusement, les objectifs sont partagés. On s'aperçoit d'ailleurs que la démarche globale qui convient pour les handicapés psychiques vaut aussi pour la plupart des personnes handicapées.
(1) Unafam : 12, villa Compoint - 75017 Paris - Tél. 01 53 06 30 43.