Nouvelle offensive du collectif les Autres chiffres du chômage (ACDC) (1). Après avoir dénoncé les « chômages invisibles » (2), il analyse dans une note dévoilée le 29 janvier, deux jours avant la publication des statistiques officielles du chômage (voir ce numéro, page 16), les motifs de sortie de l'ANPE, montrant que « cette hausse ne correspond guère à des reprises d'emploi supplémentaires ». A l'appui de sa démonstration : le décalage entre la hausse du nombre d'inscrits qui sortent chaque mois de l'ANPE (+ 6 % de 2004 à 2006) et la faible reprise de la création d'emplois (+ 1 % en 2006). Sur les 26 000 sorties supplémentaires par mois, moins d'une sur cinq est due à une reprise d'emploi ou à une entrée en formation, argumente le collectif en se fondant sur les statistiques officielles. En revanche, les sorties pour « non-renouvellement motivé » sont en hausse (+ 31 %). Il s'agit principalement, détaille-t-il, de chômeurs « déboutés », qui « épuisent leurs droits à l'indemnisation et ne voient plus l'intérêt de rester inscrits à l'ANPE, alors même que l'agence ne leur offre pas d'emplois correspondant à leurs qualifications et multiplie les convocations et les contrôles ».
Autre catégorie de sortants, celle des « radiés » (+ 39 %), dont l'augmentation « se réalise progressivement depuis 1996, avec des paliers correspondant à des réformes durcissant le traitement des chômeurs ». Les « non-renouvellements accidentels », enfin, qui caractérisent selon le collectif les « chômeurs dégoûtés », « lassés des convocations à répétition et des pressions destinées à leur faire accepter n'importe quel emploi, même très éloigné de leurs aspirations et de leurs qualifications », ont progressé de 30 % entre 2004 et 2006.
Dans une interview donnée à l'Agence France Presse, Christian Charpy, directeur général de l'ANPE, conteste cette remise en cause des chiffres officiels : « L'emploi salarié à la fin du troisième trimestre 2006 avait augmenté en un an de près de 210 000, ce qui est cohérent avec la baisse du nombre de chômeurs de catégorie 1 », indique-t-il, précisant qu'il faut y ajouter les créations d'entreprises par les chômeurs et les départs à la retraite.
Source supplémentaire de polémique, l'annonce par l'INSEE du report de six mois - de mars à septembre, soit après les élections - de la publication de son « Enquête emploi », qui sert tous les ans à établir pour l'année écoulée le taux de chômage définitif au sens du Bureau international du travail. Ses résultats avaient conduit à une réévaluation de 0,1 point du taux de chômage de 2005. Réévaluation qui pourrait cette année, selon Le Canard enchaîné du 24 janvier, porter le taux à hauteur de 9,2 %, au lieu des 8,6 % annoncés par le gouvernement. L'INSEE avance de son côté un problème statistique créé par un nombre élevé de non-réponses.
(1) Créé à l'initiative du Réseau d'alerte sur les inégalités, il rassemble des associations (dont AC ! et le MNCP), des chercheurs et des syndicats (CGT-INSEE, SNU-ANPE et SUD-ANPE) - C/o Réseau d'alerte sur les inégalités :