Bien que l'Union européenne n'ait pas encore de politique sociale, elle tente de se doter d'un système d'indicateurs communs en la matière. Un nouveau pas a été franchi en ce sens en 2006.
En effet, si l'avancée vers « une plus grande cohésion sociale » fait partie des objectifs de l'Union - définis en 2000 dans la « stratégie de Lisbonne » (1) -, la plupart des politiques qui en relèvent sont du ressort des Etats membres. Une méthode ouverte de coordination (MOC) a donc été retenue pour progresser vers plus de convergence sur quatre points : l'inclusion sociale, les pensions de retraite, l'attractivité financière de l'emploi et les soins de santé.
L'une des étapes de cette MOC est l'adoption d'indicateurs communs, qui permettent de voir d'où l'on part et de mesurer les évolutions, en transcendant les différences entre des systèmes statistiques restés eux aussi nationaux. Une première batterie d'indicateurs avait été publiée à la fin 2003. Elle a été modifiée le 22 mai 2006 par le Comité de la protection sociale, une instance chargée de la MOC auprès du Conseil européen, qui regroupe des hauts fonctionnaires de la santé et des affaires sociales. Un premier document de la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) décrit ces 13 nouveaux indicateurs sociaux et met à disposition les données établies sur cette base (2).
Trois indicateurs portent sur la pauvreté et les inégalités monétaires. Quatre autres s'intéressent aux inégalités d'espérance de vie, au faible niveau d'études, au nombre de travailleurs pauvres et à la proportion d'individus de moins de 60 ans vivant dans des ménages où personne ne travaille. Un autre révélateur des difficultés d'accès aux soins est en cours de mise au point. Un indicateur s'intéresse aux pensions et au niveau de vie qu'elles permettent, un autre relève le taux d'emploi des 55-60-65 ans. Enfin, trois indicateurs illustrent des enjeux transversaux : le taux d'activité, les variations des taux d'emploi régionaux et la part des dépenses sociales dans le produit intérieur brut rapprochée de la structure par âge de la population. Par ailleurs, neuf indicateurs de contexte ont été retenus pour faciliter l'interprétation des précédents.
Quels sont les pays qui se distinguent parmi les 25 ? Ce sont souvent le Portugal et la Slovaquie qui alternent en queue du classement. La France, elle, est un peu au-dessus de la moyenne en matière de pauvreté monétaire et d'inégalités de niveaux de vie, de formation des jeunes, de limitation de la pauvreté laborieuse et de cohésion territoriale. Elle se situe dans la moyenne en matière de taux d'activité et de besoins de financements futurs des régimes de protection sociale. Elle est mal placée pour ce qui est de l'emploi des seniors, la proportion de personnes vivant dans des ménages dont aucun membre n'occupe d'emploi et l'espérance de vie sans incapacité des hommes.
(2) « Les indicateurs européens de cohésion sociale » - Etudes et résultats n° 549 -Janvier 2007 - DREES - Disp. sur