Parmi les 269 personnes qui s'étaient installées au bord du canal Saint-Martin, à l'appel des Enfants de don Quichotte, 122 s'étaient, au 23 janvier, vu proposer une orientation vers un logement (36 % en comptant les maisons-relais), en résidence sociale (20 %) ou en hébergement (37 %), en grande partie acceptée par les intéressés. Selon la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), membre de la commission de suivi chargée de cette « sortie de crise », deux tiers sont titulaires des minima sociaux, 10 % travaillent et les autres sont des chômeurs en fin de droits ou des jeunes de moins de 25 ans sans ressources. En province (où ont été recensées 477 personnes en campement), la situation évolue plus ou moins facilement selon les villes : dans cinq d'entre elles, des propositions avaient été présentées à 65 sans-abri au 17 janvier. Le 24, le sous-préfet à la ville de Strasbourg annonçait la rupture des négociations avec Les enfants de don Quichotte, faute d'accord sur les solutions trouvées...
Quoi qu'il en soit, les dispositifs mis en place montrent « que l'on peut proposer une solution durable aux personnes, même quand elles sont accueillies dans l'urgence, et qu'il y a un grand besoin d'accompagnement social dès le départ », souligne Nicole Maestracci, présidente de la FNARS. Des solutions qui seront d'ailleurs évaluées par une cellule de suivi des dossiers.
Reste maintenant à généraliser l'opération au profit de tous les sans-domicile. Le 24 janvier, Jean-Baptiste Legrand, président des Enfants de don Quichotte, devait interpeller le ministre de la Cohésion sociale sur la question. « Il manque dans le système actuel un travail sur la fluidité et les interstices entre les dispositifs, ce n'est pas un problème de moyens, mais d'organisation de moyens », plaide Nicole Maestracci. « La veille sociale va être amenée à se transformer », concède Philippe Coste, directeur des affaires sanitaires et sociales de Paris. Mais pour lui, ce sont surtout les nouvelles perspectives offertes en aval qui vont permettre au dispositif de ne plus « fonctionner en circuit fermé ». « Un tiers des personnes accueillies en centre d'hébergement et de réinsertion sociale [CHRS] sont prêtes à en sortir, argumente-t-il. Si on redonne à la chaîne du logement de la fluidité par le haut, le dispositif refonctionne et redonne du sens au travail social. »
Pour atteindre cet objectif, il faudra que le plan national d'action pour 2007 (1), qui promet notamment 3 000 logements sociaux prioritairement attribués aux personnes sortant de CHRS et d'autres structures d'insertion, soit pleinement réalisé. Dans le cadre du comité de suivi de ce plan, un calendrier et un « tableau de bord » des mesures annoncées devrait donner à ces dernières la transparence attendue par les associations.