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TRAVAIL SOCIAL INTERVENTION SOCIALE

Former des professionnels par la recherche

Les travailleurs sociaux sont des praticiens qui doivent maîtriser les savoirs professionnels utiles à leur action : c'est une affaire entendue. Mais, dès leur formation initiale, il y a tout lieu d'apprendre aussi aux étudiants à endosser une posture de chercheur, afin qu'ils puissent sans cesse renouveler leurs connaissances. Telle est la thèse d'Hervé Drouard, praticien-chercheur-formateur en travail social, et docteur en sociologie, qui a imaginé un dispositif pédagogique utilisé, depuis 1982, à l'Ecole pratique sociale interrégionale de Clermont-Ferrand (EPSI). Cette « formation par la recherche et la construction des savoirs » repose sur deux piliers fermement arrimés à l'exercice professionnel. L'analyse des pratiques, d'une part, qui débute après les premiers stages, permet d'apprécier le bien-fondé des actes posés et constitue l'espace de transmission de la culture et de l'identité professionnelles. Le pôle de la recherche appliquée, d'autre part, est celui du travail d'appropriation des savoirs établis, ainsi que de leurs problématisation et perpétuels réaménagements.

Concrètement, c'est en ayant eux-mêmes à réaliser une enquête de terrain, pour laquelle ils ont besoin d'acquérir des méthodes d'investigation et d'engranger les connaissances disponibles sur le thème traité que, par groupes de six à sept, les étudiants de première année s'initient à la recherche. « Comprendre qu'on va ajouter sa petite pierre à l'édifice du savoir en faisant de la «première main» [...] a un effet de sensibilisation à l'esprit scientifique qui marque profondément l'initié », souligne Hervé Drouard. Autre puissant facteur de motivation pour les étudiants : l'utilité de l'enquête qu'ils effectuent. Celle-ci, en effet, n'est pas conçue comme un simple exercice scolaire. « Nous avons très vite compris l'intérêt de chercher à obtenir des commandites du secteur social », explique l'auteur. Entrer en contact avec un organisme ou un service qui se pose des questions précises sur tel ou tel phénomène ou catégorie d'usagers, faire préciser sa demande à l'intéressé et négocier avec lui la meilleure manière d'accéder au terrain, puis présenter des résultats et discuter des pistes d'action à dégager sont autant d'éléments mobilisateur pour les apprentis chercheurs, et d'occasions de renforcer la collaboration école-terrain. Par la suite, durant ses deux années de formation ultérieures, chaque futur praticien s'approprie plus avant les étapes de ce « parcours princeps » pour réaliser une recherche personnelle, qui fera l'objet de son mémoire de fin d'études.

Convaincu que les travailleurs sociaux en formation initiale et continue peuvent et doivent construire des savoirs et les mettre en débat, le fondateur de l'Association française pour des formations de 3e cycle en travail social (Affûts) milite aussi pour la création d'une discipline universitaire en travail social, seul moyen, selon lui, de voir les savoirs spécifiques produits dans le champ du travail social accéder à une reconnaissance scientifique.

Former des professionnels par la recherche. Initier à la démarche scientifique - Hervé Drouard - Ed. L'Harmattan - 20 € .

L'animation en questions

Les animateurs ont-ils leur place dans le champ social ? A cette question récemment posée dans nos colonnes (voir ASH n° 2481-2482 du 1-12-06, page 38), Jean-Claude Gillet aurait probablement répondu par un « oui, mais ». Les animateurs font bien partie du paysage du travail social. Mais ce ne sont pas des travailleurs sociaux « de type classique ». Le distinguo que fait ce spécialiste en sciences de l'éducation entre les différents professionnels est la conséquence du mode d'intervention et des objectifs qu'il leur prête. La culture du travail social, explique-t-il, et en particulier celle de l'éducation spécialisée, est fondée sur une approche individuelle des personnes, qui part de leurs déficits ou problèmes particuliers pour les prévenir ou compenser.En revanche, c'est dans le collectif que s'inscrit la démarche des animateurs : eux tablent sur les ressources de l'individu et les interactions produites en groupe pour développer le sentiment d'appartenance et la capacité des acteurs à agir sur leur environnement. Bien sûr, dans certains dispositifs d'insertion, comme les missions locales, les animateurs sont amenés à pratiquer la relation duelle, ici qualifiée de « processus du confessionnal ». Mais telle n'est pas leur vocation. C'est précisément parce qu'ils ne sont ni psychologues ni éducateurs, que les animateurs ont bien un rôle à jouer dans les missions locales : il leur revient de « socialiser les difficultés que les jeunes éprouvent tous les jours, [...], en leur permettant de se construire des moments et des lieux collectifs de débat sur ce qu'ils vivent ».

L'animation en questions - Jean-Claude Gillet - Ed. érès - 13 € .

SOCIÉTÉ

Faut-il avoir peur de nos enfants ?

La colère, dit-on, est mauvaise conseillère. Pourtant, les coups de sang peuvent aussi être source de salutaires éclaircissements. Pour preuve, ce bref ouvrage où neuf spécialistes, concernés à un titre ou un autre par les questions relatives à l'enfance, réagissent aux préconisations de l'Inserm sur le repérage précoce des troubles du comportement des enfants et aux projets de loi sur la prévention de la délinquance et la protection de l'enfance. Proposant un petit détour par l'histoire, Frédéric Jésu, pédopsychiatre, fait appel au pénaliste Emile Garçon. Préoccupé par « le problème de l'enfance coupable, [...] l'un des [...] plus douloureux de l'heure présente », le juriste pointait, en 1922, l'augmentation inquiétante de la criminalité juvénile et le rajeunissement très sensible de ses auteurs. La magistrate Evelyne Sire-Marin, de son côté, a recours à un dessin d'humour paru dans la revue Justice en 1975. « La prévention, c'est avant ou après la répression ? », demandait un policier en levant sa matraque sur un jeune. Aujourd'hui, c'est en même temps, répond la juge. On l'aura compris : chacun fourbit ses arguments pour alerter la société sur les menaces que font planer sur elle les politiques sécuritaires, mais pas ses enfants. Ni les travailleurs sociaux, d'ailleurs, autre « mauvais objet », facilement vilipendé pour ne pas mieux contrôler le désordre ambiant, souligne la sociologue Michèle Becquemin. Nul besoin à cet égard d'attendre les nouveaux textes pour trouver des exemples de pressions qui s'exercent sur les professionnels : Michèle Becquemin en fournit plusieurs, et elle analyse aussi les répercussions de réformes intervenues au cours des 20 dernières d'années sur la prévention spécialisée, la protection judiciaire de l'enfance et le service social de secteur.

Faut-il avoir peur de nos enfants ? Politiques sécuritaires et enfance - Sous la direction de Gérard Neyrand - Ed. La Découverte - 6,90 € .

PERSONNES HANDICAPÉES

L'annonce du handicap autour de la naissance en douze questions

Il n'existe ni parents heureux d'apprendre que leur enfant est porteur d'un handicap, ni médecins joyeux d'avoir à leur communiquer cette information. Faute de pouvoir s'en dispenser, ces derniers peuvent, néanmoins, s'employer à éviter de (trop) mal le faire. « Mal faire, explique le philosophe Pierre Le Coz, c'est ajouter à la violence du contenu de l'annonce, la maladresse de sa mise en forme. C'est dire le vrai sans avoir été vrai. » Ce reproche ne peut pas être adressé aux contributeurs de cet ouvrage. Tous savent trouver les mots justes pour livrer leur expérience et leurs questionnements. En fait, ces mots du dévoilement ne sont pas cantonnés au moment de l'annonce. Celle-ci doit être conçue comme un processus qui s'étale quasiment sur toute la vie, car sa problématique refait surface à chaque étape importante du développement de l'enfant, à chaque tournant de la vie familiale, développe le psychiatre Roger Salbreux. C'est pourquoi, parler de l'annonce du handicap, c'est parler de l'action médico-sociale précoce, c'est-à-dire « accompagner la construction d'un projet de vie qui, pour cet enfant-là, va dans une certaine mesure se substituer à un projet de mort », précise-t-il. Chez les « porteurs de mauvaise nouvelle », comme le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan, le temps n'est pas non plus figé : ceux-ci ne trouvent pas, une fois pour toutes, un immuable art du bien-dire. Non seulement parce que toutes les rencontres sont singulières, mais aussi parce que chacune d'entre elles contribue à leur permettre d'élaborer continûment leur réflexion. Revenant sur de précédents écrits qu'il a publiés il y a environ 15 ans, Patrick Ben Soussan affirme ne plus tenir aujourd'hui le même discours : « J'ai mis des années à penser l'annonce autrement, à penser qu'à force de ne se focaliser que sur ce qui était censé être à l'origine de tout, ces quelques mots, ou silences, ou gestes de la révélation ou du diagnostic, on en oubliait parfois si vite le reste, tout le reste, c'est-à-dire la vie. » Or, la parentalité, bien sûr, ne se résume pas à la périnatalité. Afin que le bébé ne reste pas toute son existence prisonnier de cet « arrêt sur image », les équipes doivent donc travailler avec les parents « pour que «être handicapé» renvoie d'abord à «être» avant de se fixer sur le handicap », ajoute le pédopsychiatre, qui a dirigé cette magnifique publication.

L'annonce du handicap autour de la naissance en douze questions - Sous la direction de Patrick Ben Soussan - Ed. érès - 20 € .

- ACTES DE COLLOQUES -

Enfants à protéger et à soigner, les réponses de l'accueil familial

L'accueil familial représente le premier mode d'accueil des enfants confiés à la protection de l'enfance. En 2004, 43 000 assistants familiaux recevaient environ 60 000 enfants, soit plus de 50 % des enfants confiés. A l'occasion de deux journées d'étude organisées les 21 et 22 novembre dernier, l'Institut de formation, de recherche et d'évaluation des pratiques médico-sociales est revenu sur ce mode de placement, l'évolution de son cadre législatif et réglementaire, la conciliation entre l'exercice de l'autorité parentale et la protection de l'enfant et les fondamentaux de l'accueil familial thérapeutique.

L'accueil familial en revue n° 17 - Octobre 2006 - Ed. IPI : 50, rue Samson - 75013 Paris - Tél. 01 45 89 17 17 -20 € .

Travail social et rénovation urbaine, la population au coeur des projets

Les projets de rénovation urbaine ne doivent pas être réduits à une affaire de bâti, ils doivent aussi prendre en compte les difficultés rencontrées par les populations. Des professionnels des champs du social et de l'urbain se sont penchés, sous le pilotage du Pact Arim 93, sur la façon de conduire ensemble cette mission, avant de prolonger cette réflexion, le 13 décembre 2005 lors d'une rencontre organisée par Profession Banlieue et le Clicoss 93. Quelle est l'implication du travail social dans la rénovation urbaine ? Les articulations possibles entre les deux champs professionnels, les limites et les atouts de la participation des habitants ?

Les rencontres de Profession banlieue - Actes de la rencontre du 13 décembre 2005 - Profession banlieue : 15, rue Catulienne - 93200 Saint-Denis - Tél. 01 48 09 26 36 - 18,50 € .

Les associations, acteurs de l'espace public

Partant du constat que les associations et les syndicats sont deux composantes essentielles de la société civile pour l'identification des besoins sociaux et des réponses à apporter, la Fonda a réfléchi, lors d'un séminaire organisé le 15 mai 2006, à la façon de mieux faire coopérer les deux acteurs. Après une mise en lumière de ce qui les séparent et les rapprochent, ainsi que des freins à une plus grande collaboration, les participants ont rendu compte de plusieurs expériences positives en matière d'accès au droit aux vacances, de lutte contre le surendettement et de prise en charge du handicap.

La tribune Fonda n° 179 - Juin 2006 - 18, rue de Varenne - 75007 Paris - Tél. 01 45 49 06 58 - 13 € .

Homoparentalités, approches scientifiques et politiques

L'homoparentalité est un fait dans notre société. Mais c'est aussi l'expression la plus discutée de l'évolution profonde de la famille. La IIIe conférence internationale organisée sur le sujet les 25 et 26 octobre 2005 par l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens a dressé un état des lieux complet, sociologique, psychologique, juridique, anthropologique... Pour alimenter le débat.

Ed. PUF - 28 € .

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