L'arrivée du grand froid est traditionnellement propice à la médiatisation de la situation des sans-abri, pourtant pérenne... En cette période de campagne préélectorale, la polémique a pris une ampleur supplémentaire, renvoyant dos à dos associations, la Ville de Paris et l'Etat.
C'est une nouvelle fois l'intervention de Médecins du monde, qui dressait le 19 décembre le bilan de son opération « à défaut d'un toit, une tente », qui a ravivé les débats. Depuis le 21 décembre 2005, l'association a distribué à Paris près de 400 tentes à des personnes dont, selon ses chiffres, 10 % avaient fait la démarche de demander une place en centre d'héber-gement d'urgence. Dénonçant le démantèlement des tentes (environ 150 étaient encore en place au début de l'hiver), elle a annoncé poursuivre cette distribution, tout en lançant une pétition « pour que chaque citoyen manifeste son soutien auprès des SDF » (1). Cette initiative rejoint celle d'Emmaüs, qui demande aux Français d'« exprimer leur solidarité » avec les sans-abri en écrivant aux élus pour « dire qu'ils sont d'accord pour l'implantation de petits centres de proximité » (2). Plusieurs associations, dont le DAL et le Groupe d'information et de soutien des immigrés, demandent aux pouvoirs publics de « reloger plutôt que d'héberger provisoirement », en appliquant la loi sur la réquisition des logements vacants. Plus spectaculaire : l'association « Les enfants de Don Quichotte » ont invité le 16 décembre, à Paris et dans plusieurs autres grandes villes, les « bien logés » à s'installer auprès des personnes à la rue. 80 tentes ont ainsi été montées dans le Xe arrondissement de la capitale.
Une opération « coup de poing » peu appréciée des membres du gouvernement, si ce n'est que le candidat à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy en a profité pour brandir la promesse d'un logement pour tous d'ici deux ans. Fustigeant l'utilisation des sans-abri « à des fins politiques », Catherine Vautrin, la ministre déléguée à la cohésion sociale, a précisé, répondant à une demande de Médecins du monde qui souhaite « un suivi des nouvelles places de stabilisation » lancées l'été dernier (3), que 800 places sont opérationnelles en Ile-de-France, sur les 1 000 prévues d'ici à la fin de l'hiver.
Dans un courrier adressé au Premier ministre le 15 décembre, le maire de Paris a pour sa part demandé au gouvernement d'intervenir « rapidement pour que chaque territoire participe à l'effort de solidarité et à la création de nouveaux centres ».
(1) Disponible sur
(2) Un modèle de lettre devrait être mis en ligne sur