Privilège de l'âge, les étudiants sont globalement en bonne santé. Mais cette réalité ne doit pas masquer « des signes de dégradations inquiétants » (pratiques alimentaires peu équilibrées, soins dentaires et d'optiques « sacrifiés », situations de « mal-être » fréquentes, etc.). A cela s'ajoute une recrudescence des comportements à risques des étudiants : des « progrès majeurs » sur le terrain du tabac sont certes intervenus, mais aussi une « dégradation très forte » des comportements liés à l'alcool et une « banalisation préoccupante » de l'usage de certaines drogues. Sans compter les conduites à risque en matière de sexualité. Le constat dressé par la mission d'information sur la santé et la protection sociale des étudiants, créée en juillet au sein de l'Assemblée nationale (1), n'appelle guère à l'optimisme. Le rapport qu'elle a rendu public le 6 décembre s'inscrit dans le prolongement de celui sur la question des conditions de vie étudiantes (2), remis début juillet 2006 à Dominique de Villepin. Point commun de ces documents, leur rapporteur, le député (UMP) de Haute-Loire, Laurent Wauquiez.
La mission fustige le système de soins qu'elle estime ne « pas être à la hauteur » des défis à relever. En cause, les nombreuses défaillances de la prise en charge sociale et sanitaire des étudiants (complexité des régimes, faible accès à une couverture santé, politique de prévention « indigente », absence de pilotage national, etc.). « Oublié et négligé », le sujet nécessite aujourd'hui « une vrai relance », d'autant plus nécessaire, pour la mission, que « la santé a une influence décisive sur la réussite ou l'échec des études ». Une relance qui, suggère le rapport, passe par un « plan santé » pour les étudiants. Dix mesures prioritaires devraient y figurer. Parmi elles, en matière d'accès aux soins tout d'abord, le fait de rendre plus simple l'accès à la sécurité sociale, en rattachant notamment l'ensemble des étudiants au régime étudiant. Autre objectif : soulager les coûts, en fractionnant en dix versements le paiement de la cotisation de sécurité sociale étudiante et en proratisant celle des étudiants qui atteignent l'âge de 20 ans au cours de l'année universitaire. Surtout, la mission propose qu'un « chèque santé » soit attribué à tous les étudiants pour les aider à adhérer à une mutuelle, et appelle à mettre immédiatement en oeuvre une expérimentation sur 12 départements pilotes. Autres évolutions vivement souhaitées : la création de « maisons de la santé étudiante » sur les pôles universitaires et l'institution d'un droit à un « paquet santé » pour tous les étudiants au cours des deux premières années dans l'enseignement supérieur (une visite médicale systématique et obligatoire, une mise à jour des vaccinations, un bilan bucco-dentaire et d'optique et, le cas échéant, une consultation d'addictologie).
Réussir l'intégration des étudiants handicapés dans l'enseignement supérieur « en donnant aux services de l'université un rôle central dans la mise en place des aides à l'accessibilité pédagogique » est également une priorité. Car le sort qui leur est réservé, de même qu'aux étudiants étrangers, constitue bel et bien une autre ombre au tableau. « Tout reste à faire malgré la loi de 2005 », juge la mission : « entre 2 000 et 5 000 étudiants en situation de handicap devraient accéder à l'enseignement supérieur dans les années qui viennent. Or ni les établissements ni les services ne sont prêts. » Et les points noirs ne manquent pas : « la mise en place des maisons départementales s'est faite dans un ordre dispersé alors que dans le même temps l'Agefiph arrêtait ses aides » ; « des situations parfois compliquées sont gérées dans l'urgence » ; l'accessibilité est « quasi nulle »...