Elles étaient dix associations gestion naires d'établissements, réunies autour de l'APAJH (Association pour adultes et jeunes handicapés) de l'Essonne, mobilisées à Arpajon le 9 novembre. Elles sont désormais 23, des secteurs social et médico-social et de toutes obédiences, implantées dans divers départements d'Ile-de-France, qui vont se constituer le 15 décembre en un collectif ou une coordination. Objet de la colère qui les rassemble : « l'intégrisme économique » opposé par l'Etat à leurs demandes budgétaires, en particulier la fin des mesures d'accompagnement prises lors du passage aux 35 heures pour une durée de cinq ans, et la non-pérennisation des postes créés à cette occasion.
« Pour l'APAJH de l'Essonne, qui gère 18 établissements et emploie 750 salariés, ce sont 24 emplois qui sont en cause, indique son président, Jacky Besson (1). Alors que les postes ont été pérennisés dans les établissements financés par les conseils généraux, pour ceux qui dépendent de l'Etat, on a vu les DDASS [directions départementales des affaires sanitaires et sociales] proposer d'anticiper en intégrant progressivement les personnes recrutées en remplacement des partants (donc en supprimant des postes) ou d'accueillir des usagers en surnombre pour faire rentrer plus de fonds, ou encore, mais cela est suggéré, jamais écrit, de procéder à un licenciement économique. Et cela, alors que nos établissements (qui coûtent beaucoup moins cher que des lits en psychiatrie !) accueillent de plus en plus de personnes atteintes de troubles psychiques sévères. » Les effectifs seraient-ils plus importants qu'ailleurs ? « Nos MAS [maisons d'accueil spécialisées] tournent avec un taux d'encadrement de 1,3, alors que les nouvelles MAS démarrent avec un taux de 1,7 à 2. Le personnel pourvoit aux toilettes et aux repas, mais aucun résident n'est assuré de pouvoir sortir de l'institution une fois par semaine ! », s'indigne le président.
Une administratrice comme Christiane Henry, ancienne responsable de la permanence sociale du ministère chargé des affaires sociales, est également lasse des délais - une dizaine d'années - nécessaires pour obtenir le financement des dossiers de rénovation, même pour des établissements vraiment vétustes. « La chambre à deux ou trois lits reste l'habitude et la chambre individuelle l'exception. Alors que nous remplissons des missions de service public, on nous oriente vers des grandes entreprises qui pourraient nous aider comme mécènes », s'étonne-t-elle. « On nous parle de plus en plus de qualité, mais on ne nous oppose plus que des calculettes », résume Jacky Besson.
La DDASS de l'Essonne dément les propos qui lui sont prêtés mais confirme qu'elle n'a pas les crédits pour pérenniser les postes. Pour sa part, tout en reconnaissant que la fin des aides Aubry est un « vrai problème », la Fédération nationale des APAJH prend ses distances par rapport à la campagne menée par l'association de l'Essonne.
(1) APAJH Essonne : 8-10, rue du Bois sauvage - 91000 Evry - Tél. 01 60 91 75 15.