En 2004, 22 % des habitants de métropole ont été touchés par la pauvreté. 11,7 % ont été affectés par la pauvreté monétaire et 14,3 % par la « pauvreté en conditions de vie » (c'est-à-dire sujets à de nombreuses privations), 5 % des personnes se retrouvant dans ces deux catégories et cumulant les deux formes de pauvreté. C'est l'INSEE qui fournit ces données avec son enquête annuelle sur les revenus des ménages (1), en retenant désormais la norme européenne qui situe le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian, soit à 788 € par mois en 2004.
Durant la période 1996-2004, la pauvreté monétaire a diminué, en passant de 13,5 % à 11,7 %, les revenus les plus modestes ayant augmenté plus vite que les autres (du moins en chiffres relatifs, pas en valeur absolue). Mais cette tendance, nette de 1996 à 2002, s'est depuis transformée en quasi-stagnation. Au total, en 2004, 6,9 millions d'individus se situent sous le seuil de pauvreté. Parmi eux, deux millions d'enfants, le taux de pauvreté chez les moins de 18 ans, nettement supérieur à la moyenne nationale, s'établissant à 15,1 %.
La composition de la population démunie au plan monétaire a évolué. Les personnes vivant sans conjoint, avec ou sans enfant, y sont surreprésentées : le taux de pauvreté des personnes vivant seules atteint 16 %, celui des familles monoparentales 22 %. Cependant, la configuration familiale la plus présente dans la population pauvre reste celle des familles nombreuses (couple avec trois enfants ou plus), dont le taux de pauvreté atteint 18 %. Leur part dans le total (22 %) diminue néanmoins de sept points en huit ans.
Pauvreté et inactivité sont plus souvent liées en 2004 qu'en 1996. La pauvreté est également de plus en plus urbaine et a eu tendance à se déplacer vers les agglomérations de plus de 200 000 habitants.
Cette année, l'INSEE donne un coup de projecteur particulier sur la situation financière des seniors - la population des plus de 55 ans -, catégorie « particulièrement hétérogène ». Leur niveau de vie apparaît supérieur à la moyenne nationale, mais cela n'est vrai en fait que pour la tranche des 55-64 ans, qui compte encore un certain nombre d'actifs, certains à l'apogée de leur carrière professionnelle. Pour les autres tranches, le niveau de vie diminue à mesure que l'âge augmente, reflet notamment des taux d'activité féminine de chaque génération.
Le taux de pauvreté des seniors reste cependant globalement inférieur à la moyenne nationale (9,4 % en 2003). Mais il est paradoxalement plus élevé chez les 55-64 ans, parmi lesquels on compte aussi bon nombre de chômeurs (10,1 %), comme chez les plus de 75 ans (11,2 %), parmi lesquels beaucoup de veuves sans droits à pension propres. La pauvreté frappe moins parmi les 65-75 ans (7,1 %), qui sont à la retraite et vivent plus souvent en couple. Au total, on recense ainsi 1 450 000 seniors sous le seuil de pauvreté monétaire.
Le constat est encore à nuancer, car les seniors, plus que les jeunes, sont à la tête d'un patrimoine, et sont notamment propriétaires de leur logement, pour lequel ils n'ont à payer ni loyer ni remboursement d'emprunt. Ce qui accroît de 15 % leur niveau de vie moyen par rapport aux plus jeunes. Après la prise en compte de l'ensemble de leur patrimoine, leur taux de pauvreté diminue d'un peu plus de deux points. Ce qui laisse encore 7,2 % de seniors pauvres, soit environ 1 110 000 personnes.
(1) « Les revenus et le patrimoine des ménages », édition 2006 - INSEE Références - 15 € .