Mieux vaut être diplômé du supérieur et de sexe masculin que femme et sans qualification. On le savait déjà, mais les enquêtes longitudinales suivant le cheminement des générations sur le marché de l'emploi le confirment amplement. Réalisée par le CEREQ (Centre d'études et de recherches sur les qualifications), la dernière fait le point sur le parcours de la génération sortie du système éducatif en 1998, qui a été interrogée à trois reprises, en 2001,2003 et 2005 (1).
Globalement, son taux d'emploi n'évolue plus guère (86 % contre 83 % en 2001), 5 % étant inactifs et 9 % au chômage. En revanche, la progression vers le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) se poursuit, passant de 37 % la première année à 57 % la troisième et à 74 % au terme de la septième année d'activité. Cependant, les trajectoires individuelles apparaissent très différentes selon le niveau de formation de départ.
Seuls 29 % des non-diplômés accèdent rapidement à un CDI. Les autres connaissent des parcours marqués par de longues périodes de chômage ou d'inactivité, ou par un accès à l'emploi mais sans stabilisation. Sept ans après leur arrivée sur le marché, 59 % seulement ont travaillé de façon continue les 12 derniers mois. Les jeunes non diplômés restent fortement soumis à la conjoncture, observe aussi le CEREQ.
Tandis que les diplômés voient leur salaire et leur statut s'améliorer nettement au fil des ans, les non-diplômés qui travaillent progressent à pas comptés dans la hiérarchie. Si 60 % débutent sur des emplois non qualifiés, ils sont encore 44 % à occuper ce type de poste sept ans plus tard. L'origine sociale modeste diminue encore les chances de promotion, relève l'étude.
Les mouvements ne sont d'ailleurs pas tous ascendants, certains jeunes évoluent transversalement en changeant de domaine professionnel. C'est particulièrement vrai pour « une bonne partie des non-diplômés qui cherchent leur voie face aux difficultés qu'ils rencontrent sur le marché du travail ». En moyenne, les diplômés du supérieur ont connu 1,6 sortie d'emploi en sept ans, en y trouvant souvent l'occasion d'une promotion. En revanche, pour les non-diplômés, les sorties sont plus nombreuses (2,4 en moyenne) et souvent contraintes. « Une partie d'entre eux pourraient d'ailleurs ne jamais accéder à un statut stable et rester sur un segment du marché du travail où se cumulent précarité d'emploi, faibles rémunérations et peu de perspectives de progression. »
Autre facteur de différence souligné par l'enquête : le sexe. A niveau de diplôme équivalent, les femmes restent beaucoup plus souvent sans emploi ou avec un contrat à durée déterminée ou cantonnées dans un temps partiel subi. Certaines se retirent aussi de façon plus ou moins durable de l'emploi, surtout chez les non-diplômées. A cela s'ajoutent ensuite les passages au temps partiel liés à la naissance d'enfants. Les voies de la promotion ne sont pas les mêmes non plus dans les deux sexes, relève encore le CEREQ. Du fait d'orientations différentes vers des univers professionnels qui restent très sexués (les métiers choisis par les femmes étant moins porteurs d'avancement), mais également au sein des mêmes catégories d'emploi.
Dernier constat, valable pour l'ensemble de la génération : les jeunes sont toujours nombreux à s'estimer sous-employés et de moins en moins nombreux à avoir le sentiment de se « réaliser professionnellement ».
(1) « Les sept premières années de vie active de la génération 98. Entre insertion et débuts de carrière » - Bref n° 234 - CEREQ - Disponible sur