Que révèlent les différents types de vacances des 5-19 ans en termes de réalités culturelles, éducatives et sociales ? L'Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (OVLEJ) (1) s'est penché sur cette question peu explorée, à partir d'une enquête réalisée en 2004 par l'INSEE et la direction du tourisme sur les vacances des Français (2).
Sur les 11 millions d'enfants et de jeunes concernés, 74,5 % sont partis en vacances au sens de l'Organisation mondiale du tourisme (déplacement d'agrément d'au moins quatre nuits consécutives hors du domicile). Si l'organisation de vacances en famille, qui concerne 80 % des partants, est la plus répandue, elle dépend des revenus du ménage. En dessous de 15 000 € de revenus annuels (soit 15 % des 5-19 ans), seuls 50 % des enfants concernés bénéficient de vacances en famille.
Aux inégalités économiques s'ajoutent les inégalités sociales. Ainsi, 94 % des enfants de cadres, 74 % des enfants d'employés, 73 % des enfants d'ouvriers et 61 % des enfants d'agriculteurs partent en famille. Les départs sans les parents concernent 35 % des 5-19 ans : mode d'accès à l'autonomie, ils « apparaissent pour les enfants les plus défavorisés comme une forme de compensation de vacances familiales empêchées pour des raisons essentiellement économiques », note l'étude. Et « seuls les plus aisés peuvent permettre à leurs enfants de vivre les deux types d'expériences ».
Dans ce contexte, 8,4 % des 5-19 ans ont fréquenté les « colos » en 2004, près d'un tiers d'entre eux ayant entre 14 et 16 ans. Mais plus que l'âge, c'est encore une fois le revenu de la famille qui détermine le départ en séjour collectif : 81 % des enfants et des jeunes ayant fréquenté un tel séjour en 2004 vivent dans un ménage dont le revenu annuel est supérieur à 23 000 € , alors que ce niveau de ressources concerne 63 % des 5-19 ans. Interviennent ensuite les aides au départ fournies par les caisses d'allocations familiales, les comités d'entreprise ou les collectivités locales (43 % des enfants en séjour collectif en bénéficient) et le niveau d'études des parents : « à revenu égal, un enfant ou un jeune aura d'autant plus de chances de partir en colo que son père a un niveau d'instruction élevé ». Ainsi, le départ en séjour collectif est avant tout dépendant des ressources financières et culturelles de la famille. Les catégories économiques et sociales les moins favorisées sont les moins représentées en séjour collectif, ce qui conduit à s'interroger sur le rôle des aides : moins fréquentes qu'il y a 20 ans et moins centrées sur les plus défavorisées, « elles s'avèrent insuffisantes pour préserver une réelle mixité sociale dans les séjours collectifs. Les colos ne sont plus à même de jouer le rôle qu'elles avaient par le passé dans l'accès aux vacances de tous les enfants. »
L'impact de ces aides s'avère en effet insuffisant pour compenser les inégalités dans l'accès aux vacances. Certes, « la probabilité de partir en vacances augmente de plus d'un tiers quand la famille bénéficie d'aides ». Mais en 2004, 25,5 % des 5-19 ans ne sont pas partis en vacances. « Si la proportion d'enfants et de jeunes privés de vacances s'est réduite entre 1999 et 2004, les inégalités se sont creusées. Pour un million d'entre eux, vivant dans un ménage à revenu annuel inférieur à 12 000 € , l'accès aux vacances s'avère particulièrement difficile et jusqu'à 27 000 € (soit 53 % des familles concernées), le taux de non-partants reste supérieur à la moyenne ».
(1) Qui rassemble notamment Jeunesse au plein air et l'Union nationale des associations de tourisme - OVLEJ c/o Observatoire de l'enfance : 3, square Max-Hymans - 75748 Paris cedex 15 - Tél. 01 43 27 49 40.
(2) « Les 5-19 ans et les vacances en 2004 » - Bulletin n° 17 - Octobre 2006.