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Emploi, revenu, formation... : le CERC dresse un panorama complet sur la période 1993-2005 et plaide pour un « redéploiement de l'Etat social »

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Jacques Delors, président du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC), a remis le 17 novembre au Premier ministre le rapport sur l'emploi et les revenus (1) que ce dernier lui avait commandé le 28 août dernier (2). Ce document servira de base de travail à la conférence sur l'emploi et les revenus qui se tiendra le 14 décembre prochain. « C'est une contribution très utile », a commenté Dominique de Villepin, qui a demandé aux ministres chargés de l'emploi, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher, d'entamer des concertations avec les partenaires sociaux pour préparer cette conférence.

Intitulé La France en transition 1993-2005, ce rapport volumineux établit un état des lieux de la France en termes de démographie, de croissance, d'emplois, de revenus... Premier constat : notre pays est l'un des rares en Europe dont la dynamique démographique est « assez favorable ». Pour le CERC, cela doit le pousser à investir massivement dans la jeunesse. Par ailleurs, la société française va certes vieillir, comme celle de tous ses voisins, mais « de manière plus modérée et plus tardive ». Se pose alors le problème des retraites : seule une croissance économique retrouvée accompagnée d'une amélioration du taux d'emplois sera à même de régler de manière satisfaisante la question de leur financement, estime le conseil. L'évolution démographique entraîne une transformation de la population active. Les générations entrant sur le marché du travail ont, en moyenne, une formation « plus poussée » que celles qui le quittent, constate le CERC, pour qui cela doit conduire à privilégier les « activités à forte valeur ajoutée » et à « réduire l'ampleur du chômage des non-qualifiés ». Reste à l'économie française à offrir suffisamment d'emplois correspondant à ce haut niveau de formation. Car, pour l'instant, le rapport pointe un phénomène de « sous-utilisation des capacités » et de « déqualification ». Concernant l'emploi des femmes, le constat est contrasté : si leur taux d'activité place la France cinq point au-dessus de la moyenne européenne, le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale attire l'attention sur la nature des emplois offerts et appelle à l'ouverture des professions, ainsi qu'à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et responsabilités familiales.

En outre, le CERC constate et regrette que la « démographie prometteuse » n'ait pas pour corollaire un dynamisme économique suffisant. Une explication avance que les marchés financiers exigent des entreprises un niveau élevé de rentabilité, ce qui pénalise la croissance à long terme : cela « contraint à ne choisir que des investissements à taux de retour sur l'investissement extrêmement bref » et « fait des salariés la principale variable d'ajustement ». Pour y remédier, le rapport recommande notamment une refondation de la politique française d'éducation. Sur les revenus et la récente polémique autour du pouvoir d'achat, enfin, le rapport note qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre la croissance du revenu moyen et le fait qu'une proportion de ménages ou d'individus connaisse une baisse de ses revenus. A noter que, sur la période de l'étude, les inégalités de revenu et la pauvreté ont été « globalement stables » en France.

Au-delà, le rapport pointe aussi un certain nombre d'inégalités, parmi lesquelles l'instabilité et l'insécurité de l'emploi - l'une des principales causes de la croissance des inégalités de revenus en France -, la formation, les discriminations, le logement...

S'il s'apparente davantage à une cartographie de la situation de la France pendant une période donnée, ce document contient tout de même quelques recommandations, comme le nécessaire « redéploiement de l'Etat social ». Ses auteurs plaident, entre autres, pour une plus grande stabilité des dispositifs, une évaluation régulière des politiques et de leur mise en oeuvre à l'aune des besoins d'efficacité et une politique plus ciblée sur les publics prioritaires. Il met particulièrement l'accent sur les quelque 190 000 jeunes qui sortent tous les ans de l'école ou de l'université sans diplôme. « Personnellement indigné » de cet état de fait, Jacques Delors préconise l'ouverture « sans délai » d'un « chantier d'intérêt national » pour ces laissés-pour-compte du système d'enseignement. Une nécessité d'autant plus impérieuse que la formation continue ne permet pas, sauf exceptions, de corriger les disparités de la formation initiale.

Notes

(1) Disponible sur www.cerc.gouv.fr.

(2) Voir ASH n° 2467 du 1-09-06, p. 12.

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