C'est une très bonne surprise. Alors qu'il y a encore un flou sur les délais de l'évaluation, bon nombre d'associations sont en train de constituer les prérequis de la démarche (mise en place des outils, construction du projet associatif, définition du référentiel) ou ont engagé cette dernière. Certaines sont investies depuis plus de cinq ans. Trois associations ont même terminé leur évaluation interne.
Ils sont plus nombreux à repérer les points positifs que les blocages. Ce qui peut s'expliquer par le fait que ce sont ceux qui avaient une expérience positive de l'évaluation qui ont répondu à notre enquête. Beaucoup soulignent ainsi que l'évaluation s'inscrit dans une recherche de cohérence, de cohésion et de dynamique de changement. Elle vient réinterroger les méthodes de travail, les pratiques professionnelles et crée un langage commun. Par ailleurs, elle permet de clarifier la place et le rôle de chacun.
C'est vrai que ce sont les directions générales, suivant souvent en cela la volonté de leur conseil d'administration, qui décident de la démarche d'évaluation. Et que le degré d'investissement des personnels reste très dépendant de leur niveau de responsabilité. Les cadres de direction sont de loin les plus impliqués, devant les professionnels et les administrateurs et cadres techniques. Quant aux usagers ou leurs familles, leur niveau de participation est très faible. L'évaluation interne reste limitée au périmètre de l'institution et demeure encore une affaire de dirigeants.
Les questions méthodologiques apparaissent effectivement comme la préoccupation dominante des directeurs généraux (3). 87 % d'entre eux disent « bricoler » leur référentiel à partir ou non des modèles existants. Certains expérimentent d'abord leur démarche sur quelques établissements, d'autres sur l'ensemble. Les façons de faire sont très diverses, même si toutes cherchent à coller aux particularités des structures. On note également un recours fréquent (68 % des associations) à un consultant extérieur, présenté comme un tiers pouvant garantir l'harmonisation de la démarche dans l'ensemble des établissements et son suivi. Il apparaît, en tout cas chez les directeurs, un sentiment général d'être mal préparés à cette culture nouvelle de l'évaluation. D'où des attentes très fortes envers le Conseil national de l'évaluation sociale et médico-sociale qui, après son « Guide de l'évaluation interne », doit rendre publiques des recommandations de bonnes pratiques.
Les associations mobilisent un financement interne, certaines ont obtenu un complément de budget ou font appel pour la formation aux fonds de la formation continue. D'autres encore recourent à d'autres modalités. Il est difficile de se faire une idée précise tant les disparités sont grandes entre les associations. Néanmoins le manque cruel de moyens est largement cité ainsi que le manque de temps.
Je crois que la culture de l'évaluation est en train de pénétrer celle de l'action sociale. Les directeurs généraux interrogés ont bien compris l'enjeu de management et de dynamique interne que représente la démarche. Leurs réponses montrent également un changement des attitudes des professionnels : s'il y a encore des résistances et des craintes face aux risques de normalisation de leurs interventions, ils perçoivent mieux l'intérêt de l'évaluation interne quant aux sens de leurs pratiques. Mais cette évolution est rendue possible par la conception ouverte de l'évaluation portée par le Conseil national de l'évaluation et la marge de manoeuvre laissée aux associations.
(1) 77 directeurs généraux d'associations (qui gèrent de 3 à 30 établissements) ont répondu au questionnaire sur l'évaluation interne lancé en juin-juillet dernier par le Groupement national des directeurs généraux d'associations du secteur éducatif, social et médico-social (GNDA) - Consultable sur
(2) Egalement directeur général de la Sauvegarde de l'enfant à l'adulte d'Ille-et-Vilaine.
(3) Sachant que méthodologie et éthique sont liées, rappelle de son côté le GEPSo - Voir ce numéro, p. 31.