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Zones urbaines sensibles : le décrochage s'accentue, selon l'observatoire national

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«Surchômage et pauvreté », « mauvaise santé et difficultés scolaires », délinquance « dopée par les [...] violences urbaines » de l'automne dernier : dans son rapport 2006 - dont une partie a été remise le 10 novembre aux parlementaires (1) -, l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) dresse un tableau très sombre de la situation des quartiers en difficulté sur la période 2003-2005. « Dans plusieurs domaines comme ceux de l'accès à l'emploi, de la réussite scolaire, de la concentration spatiale des situations de pauvreté ou de l'insécurité ressentie par les habitants, le processus de décrochage entamé depuis des années n'est pas enrayé. » Pis, « on constate même le creusement des écarts entre les quartiers classés en zones urbaines sensibles (ZUS) et les autres quartiers des agglomérations auxquelles ils appartiennent ». L'observatoire, qui n'a pas tenu compte dans son état des lieux des mesures mises en oeuvre depuis les émeutes d'il y a un an, n'en conclut pas pour autant à l'échec du gouvernement, estimant qu'« il est [encore] trop tôt pour mesurer le plein impact des politiques décidées depuis 2003 ». Mais le constat reste accablant.

Un taux de chômage deux fois plus important

L'ONZUS remarque en premier lieu qu'en 2005, « déficit d'accès à l'emploi, chômage et inactivité élevés » ont continué de toucher les populations vivant en ZUS. Ainsi, au cours de cette même année, parmi les personnes âgées de 15 à 59 ans résidant dans ces quartiers, 34 % étaient inactives, 14 % au chômage et 51 % occupaient un emploi alors que ces proportions étaient respectivement de 28 %, 8 % et 65 % dans les autres territoires des agglomérations ayant une ZUS.

Statistique encore plus parlante : en moyenne, sur l'année 2005, le taux de chômage dans les ZUS a été plus de deux fois supérieur à celui des autres quartiers, atteignant ainsi 22 %. Ce qui représente une progression d'environ 2 points par rapport à 2003, alors que le niveau du chômage est resté sensiblement stable dans les autres territoires urbains (10,5 % en 2005). Cette aggravation concerne surtout la population masculine de moins de 50 ans et en particulier les jeunes de moins de 25 ans. Les chances pour les jeunes chômeurs et inactifs résidant en ZUS d'entrer en contrat de qualification ou dans un contrat du secteur marchand réservé aux jeunes (contrat jeune en entreprise notamment) sont par ailleurs nettement plus faibles que pour ceux résidant hors de ces quartiers.

L'observatoire donne au passage un coup de griffe aux dispositifs des zones franches urbaines et des zones de redynamisation urbaine, qui « semblent [...] ne pas avoir eu un impact mécanique suffisant sur le chômage de leurs habitants pour compenser l'ampleur du handicap de départ affectant ces territoires ».

La situation des immigrés est tout aussi sensible. L'amélioration « toute relative » constatée au niveau national pour les actifs immigrés originaires de pays extérieurs à l'Union européenne ne s'est pas étendue à ceux d'entre eux qui résident en ZUS. Au contraire, pour ces derniers, « le chômage s'est aggravé en deux ans, pour atteindre en 2005, un niveau supérieur de près de 10 points à celui des immigrés actifs résidant dans le reste des agglomérations ayant une zone urbaine sensible ».

Le rapport souligne encore les disparités existant au niveau de la nature des emplois occupés : « les actifs résidant en ZUS sont plus souvent sur-qualifiés au regard des emplois qu'ils occupent par rapport aux actifs des autres quartiers ». Ainsi, « parmi les habitants des ZUS ayant un emploi et diplômés du supérieur, la moitié seulement accède à des postes de cadre ou de catégorie intellectuelle supérieure, contre les deux tiers pour les actifs résidant dans les autres quartiers des mêmes unités urbaines ».

Des écarts significatifs en matière de réussite scolaire

Les indicateurs de réussite scolaire se sont également dégradés. Ainsi, si le pourcentage d'élèves en retard de deux ans ou plus en 6e a diminué dans les mêmes proportions dans les collèges en ZUS et dans ceux situés hors de ces quartiers, les écarts se sont en revanche creusés au détriment des ZUS pour la plupart des autres indicateurs, « qu'il s'agisse du devenir des élèves de 3e qui avaient été orientés vers une 2de professionnelle, de la proportion d'élèves redoublant la 2de ou du taux de réussite au brevet en 2004-2005, nettement plus faible dans les collèges des ZUS, avec près de 13 points d'écart par rapport aux autres collèges ».

Le rapport pointe par ailleurs le désengagement des professeurs expérimentés : dans les zones urbaines sensibles, la proportion d'enseignants de moins de 30 ans y occupent 22 % des postes, contre 14 % dans les autres quartiers. L'effet inverse est observé pour la proportion d'enseignants en poste depuis moins de deux ans dans un même collège, qui reste plus forte en ZUS qu'ailleurs.

Un « effet ZUS » en matière de santé

Rendant compte d'une étude sur la santé des habitants des quartiers difficiles qu'il avait lui-même commandée, l'observatoire constate un « effet ZUS » dans ce domaine. Près du tiers des résidants en zone urbaine sensible se déclarent ainsi en mauvaise santé, contre un quart des personnes vivant hors de ces quartiers. « A âge, sexe, niveau d'études ou catégorie sociale égale, les habitants des ZUS se perçoivent en moins bonne santé que le reste de la population. » En outre, « 23 % des résidants des ZUS déclarent au moins une incapacité contre 19,6 % pour le reste de la population ». Ces différences sont moins marquées pour les autres indicateurs de santé telles les maladies chroniques et les « limitations d'activité quotidienne ». Mais « elles sont peut-être sous-estimées par une mauvaise connaissance que les résidants des ZUS ont de leur état de santé, entraînant une ignorance de leur part de maladies chroniques tel le diabète », indique le rapport. Autre observation : les habitants des zones urbaines sensibles sont plus nombreux à avoir subi au moins une hospitalisation dans les 12 derniers mois (15,6 % contre 13,5 % pour la population ne vivant pas en ZUS).

Notes

(1) Ce document peut être consulté sur le site www.ville.gouv.fr. La version intégrale du rapport sera disponible au mois de janvier 2007.

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