Si les statistiques livrées chaque année par le Secours catholique sur le public qu'il accueille ne peuvent être considérées comme des indicateurs de la pauvreté en France, elles permettent d'illustrer certaines tendances (1).
Ainsi, en 2005, les trois quarts des personnes rencontrées - sur un total d'environ 1,5 million, dont 720 000 enfants - sont seules ou sont des parents isolés. Un profil qui varie peu. La pauvreté se « monoparentalise » et « les enfants en sont victimes », constate Gilbert Lagouanelle, directeur de l'action institutionnelle. « En 1999,46 % des enfants rencontrés par le Secours catholique vivaient dans une famille monoparentale. En 2005, ils sont 53,3 %. Cette progression est constante et préoccupante. Il n'y aura pas de réduction de la pauvreté de ces enfants sans une politique forte de soutien. »
Les données du Secours catholique mettent en évidence la fragilité des personnes seules, mais aussi celle des familles nombreuses : les ménages de cinq personnes ou plus représentent 11 % de son public. La proportion des personnes ayant un emploi n'a pas évolué (17,7 %), tandis que la part des chômeurs non indemnisés, situation professionnelle la plus fréquemment rencontrée, a progressé en deux ans (27,5 %, contre 23,4 % en 2003). La proportion de chômeurs n'a que légèrement augmenté, de 43,5 à 44 %.
Parmi les personnes accueillies, 43 % vivent uniquement des transferts sociaux, dont 31,6 % du RMI. C'est « le pourcentage le plus élevé depuis qu'a été créée l'allocation en 1988 », commente Gilbert Lagouanelle, ajoutant que le RMI ne joue pas le rôle qui lui a été dévolu : assurer un dernier filet de sécurité et accompagner vers l'insertion. En outre, 2 % seulement des bénéficiaires rencontrés par le Secours catholique cumulent l'allocation et un revenu d'activité, comme cela est désormais possible. Le revenu moyen des personnes accueillies, hors celles qui sont sans ressources, est de 793 € par mois. Soit, compte tenu de l'inflation, un pouvoir d'achat égal à celui des situations observées en 2000. « Un couple sans enfants ayant un SMIC pour unique revenu se situe tout près du seuil de pauvreté, de même qu'une femme seule avec un jeune enfant », précise le rapport. Près des deux tiers des familles rencontrées ont des impayés (63,6 %, contre 60,6 % en 2004).
Un éclairage supplémentaire est donnée cette année au travers d'une enquête menée sur la solitude : « isolement et vie relationnelle » (2). Elle montre que 37 % des hommes rencontrés et 36 % des femmes se « sentent souvent seuls ». L'absence de famille, le chômage ou l'inactivité figurent parmi les principaux facteurs de risque, mais pas seulement. 49 % des personnes qui souffrent d'un problème de santé ressentent cette solitude (soit deux fois plus que les autres), de même que 58 % de celles qui ont de grandes difficultés financières (2,5 fois plus que les autres).
(1) « Statistiques d'accueil 2005 - Pauvreté : accélérateur d'isolement » - Secours catholique : 106, rue du Bac - 75007 Paris - Tél. 01 45 49 73 00.
(2) Le Secours catholique a, dans ce cadre, mené une étude spécifique consacrée aux personnes âgées et dévoilée à l'occasion de la journée mondiale des personnes âgées, le 1er octobre dernier.