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« Contre la misère, il ne faut plus attendre ! »

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Avec Amnesty International France, le Secours catholique et le réseau Action mondiale contre la pauvreté, ATD quart monde (1) a lancé le 17 octobre, à l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, son vingtième appel à la mobilisation contre l'exclusion. Dénonçant de graves reculs, Lucien Duquesne, vice-président de l'association, entend interpeller les candidats à l'élection présidentielle.
Vous dénoncez un démantèlement de la loi de lutte contre les exclusions. N'est-ce pas un peu sévère ?

Nous constatons trois grands domaines de régression. En termes d'accès aux droits d'abord : on assiste à une réduction de la durée d'indemnisation des chômeurs, qui privera d'allocation 600 000 demandeurs d'emploi en 2007, et à la multiplication des contrats précaires. L'augmentation du forfait hospitalier, la suppression de l'accès immédiat à la couverture maladie universelle, le durcissement des conditions d'accès à l'aide médicale d'Etat constituent une régression pour l'accès aux soins. On constate un ensemble de petits reculs qui, au total, pénalisent fortement les plus précaires. Notre deuxième inquiétude porte sur l'affaiblissement de l'Etat garant. Le transfert du RMI aux départements, qui ont à supporter de plus en plus de charges, risque notamment de se retourner contre les bénéficiaires. Troisième motif de préoccupation : le renforcement des contrôles et des sanctions à l'égard des plus démunis. La réforme de l'adoption, qui prévoit qu'un enfant victime d'un « désintérêt parental » prolongé, quelle que soit la situation des parents, puisse être adopté, est particulièrement emblématique ! Le projet de loi sur la prévention de la délinquance renforce la suspicion et les sanctions à l'égard des familles en difficulté et des populations vulnérables, comme les gens du voyage. En 20 ans, nous étions arrivés à faire comprendre que la misère ne relevait pas de la responsabilité des personnes. Progres-sivement, on revient en arrière en culpabilisant et en stigmatisant les pauvres. C'est aussi le signe d'un retour en arrière sur la connaissance des populations fragiles.

La multiplication des outils de lutte contre les exclusions ne favorise-t-elle pas l'application de la loi de 1998 ?

Au contraire ! Cela contribue à mettre de côté l'esprit de la loi, à noyer ses principes dans une technicisation à outrance, qui sur le fond grignote les droits fondamentaux. C'est pourquoi nous devons interpeller les candidats à l'élection présidentielle sur leur engagement à proposer un projet politique, un projet de société au service de l'accès aux droits et de la promotion des plus démunis. Nous allons nous y atteler, notamment avec le collectif Alerte. Une campagne médiatique sera certainement organisée. Nous avions réussi à nous faire entendre en 1995 et nous avons la même détermination aujourd'hui. ATD quart monde va pour sa part mener campagne sur le thème « Justice et fraternité, ensemble contre l'exclusion » jusqu'au 17 octobre 2007, vingtième anniversaire de l'installation de la dalle du refus de la misère à Paris, avec l'objectif de rassembler toute la société civile. Pour la première fois, la Fédération internationale des syndicats libres s'associe à notre appel et l'ensemble des partenaires sociaux, patronat compris, a participé à la prise de parole du 17 octobre. Cette mobilisation commune s'inscrit dans la continuité de l'appel d'Alerte et des partenaires sociaux lancé le 26 mai 2005 (2) et constitue un véritable progrès. Il faut que tout le monde comprenne que les droits de l'ensemble des citoyens ne peuvent avancer qu'en faisant progresser les droits des plus démunis.

Qu'allez-vous demander aux candidats à la présidence ?

Des choix et une volonté politique. De quels moyens disposons-nous réellement pour sortir les gens de l'assistance ? Aujourd'hui, des chefs d'entreprises arrivent à embaucher des personnes sans formation, très éloignées de l'emploi. Comment faire pour élargir leur expérience ? Si les mesures spécifiques, comme les contrats aidés, ne sont pas conçues dès le départ pour orienter vers le droit commun, elles sont nocives. On sait bien que certains publics ont besoin d'un sas avant d'accéder au droit commun, mais il faut leur proposer un parcours pour en sortir. Nous demandons en outre un engagement concret immédiat : la création effective du droit au logement opposable à la fin du prochain mandat présidentiel. L'idée a été promue par le Conseil économique et social, soutenue par le président de la République. Le rapport que le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées s'apprête à remettre au gouvernement propose un programme de mise en oeuvre. Alors que le logement est une question majeure dans la lutte contre l'exclusion en France, il ne faut plus attendre !

Notes

(1) ATD quart monde : 33, rue Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 40 82 90 21.

(2) Voir ASH n° 2410 du 3-06-05, p. 42.

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