Si les parcours de vie qui mènent au recours à l'aide alimentaire sont aujourd'hui connus, la question de la sortie de cette aide n'a quasiment jamais été explorée. Le Groupe de recherche et d'échanges technologiques (GRET), animateur d'un réseau de réflexion sur les pratiques innovantes de l'aide alimentaire (1), a consacré une étude exploratoire au sujet, dont les résultats ont servi de base de réflexion à un atelier de travail organisé le 9 octobre (2).
L'enquête, qualitative, a été réalisée dans cinq structures d'aide alimentaire proposant un accompagnement vers l'insertion, auprès de 11 personnes anciennement accueillies. Elle s'est attachée à déceler les facteurs qui favorisent les sorties « définitives » de l'aide, exemplaires mais minoritaires. Celle-ci représente alors une passerelle, par opposition au « coup de pouce » provisoire sans tremplin vers l'emploi. Ou encore à l'« effet rustine » caractérisé par le cumul de toutes les formes d'aide sociale.
La place donnée à l'accueil, l'écoute, la participation des bénéficiaires à des activités collectives, qui constituent un moyen de se resocialiser, et la possibilité pour eux d'intégrer la vie de la structure, et « ainsi de renverser la relation d'aide », semblent, combinées ensemble, autant de facteurs favorables au processus de « déprécarisation », montre l'étude. Certes, une représentation négative du système d'aide et une volonté de sortir de l'assistance sont favorables au retour à l'autonomie, sans toutefois être suffisantes. Car « le capital social de départ dont bénéficient les personnes est déterminant dans leur parcours de sortie », de faibles ressources matérielles et relationnelles durant l'enfance et la jeunesse rendant plus difficile la démarche d'insertion. Autant de pistes qui doivent interroger les pratiques des structures et l'ajustement de leurs objectifs aux publics accueillis, et alimenter la réflexion sur les partenariats à instaurer avec les autres organismes oeuvrant pour la lutte contre les exclusions.
(1) Le programme « aide alimentaire, alimentation et insertion en France » réunit dans son comité de pilotage des représentants du ministère chargé des affaires sociales et d'organisations, dont Emmaüs, la Croix-Rouge française, la Fédération française des banques alimentaires, la FNARS, le Secours catholique, le Secours populaire, l'Unccas et l'Uniopss.
(2) « La sortie de l'aide alimentaire » - Séverine Carillon -Disponible au GRET : 211-213, rue La Fayette - 75010 Paris - Tél. 01 40 05 61 61.