En décembre 1936, de l'initiative de cinq établissements sanitaires soucieux de mettre en place ensemble un statut pour leurs salariés. La fédération s'est surtout développée après- guerre, là encore avec la volonté de réfléchir à l'évolution de la condition salariale. Elle s'est d'ailleurs saisie très rapidement de la loi de 1950 sur les conventions collectives, pour aboutir dès octobre 1951, avec les organisations syndicales, à la signature de la première convention collective du secteur.
L'évolution a été progressive, à mesure que les associations gestionnaires ont voulu répondre aux besoins de la population en créant des établissements et services pour les personnes handicapées, les personnes âgées, les personnes en difficulté, la petite enfance. Aujourd'hui, les établissements sociaux et médico-sociaux représentent près de 80 % de nos 3 000 adhérents et emploient environ la moitié de leurs 184 000 salariés. Cette diversité est une richesse. Elle favorise les échanges entre structures qui partagent les mêmes valeurs d'accueil de tous les publics et de prise en charge globale des personnes.
Tous les deux mois, nous acceptons une dizaine de nouvelles adhésions. Il s'agit parfois d'organismes qui changent de statut ou, plus souvent, d'associations qui appliquaient déjà partiellement la CC 51 et décident de s'y conformer complètement. Des évolutions sont encore possibles du fait des restructurations. Mais nous enregistrons peu de transferts d'une convention collective à une autre.
Et c'est aussi une richesse. Nous nous occupons à la fois de la représentation et de la défense des établissements et de la gestion de nos collaborateurs. Ce qui n'existe par ailleurs ni dans le secteur public où la Fédération hospitalière de France ne peut intervenir dans la gestion des personnels, ni dans le secteur privé non lucratif où coexistent généralement sur le même périmètre une union et un syndicat. Tout cela ne nous empêche pas de travailler en bonne intelligence avec les uns, au sein de l'Uniopss, et avec les autres, au sein de l'Unifed.
Malgré ses performances incontestables, un récent rapport de l'Institut Montaigne parlait à son sujet d'un « modèle invisible » en France. Pourtant, si on le compare au secteur public, il présente l'avantage de la souplesse. Par rapport au secteur privé lucratif, il a la supériorité de ne pas devoir sacrifier au profit pour rentabiliser les capitaux investis, n'ayant que le souci d'équilibrer les comptes. Pour nous, aucun doute : le privé non lucratif est un modèle d'avenir. Nous voulons faire en sorte que lui soit reconnue en France la place qu'il a déjà dans de nombreux pays occidentaux, en Europe et en Amérique du Nord. Le modèle intéresse aussi d'autres pays « émergents », notamment en Europe de l'Est.
Pas de doute : dans une société en rapide bouleversement, dans un champ de la protection sociale en forte mutation, présente et à venir, la FEHAP devra évoluer. En avril dernier, nous avons lancé la réflexion sur notre projet stratégique. Elle doit aboutir lors de notre prochaine assemblée générale en mars 2007. Avec l'apport de chercheurs et de penseurs extérieurs, le colloque du 12 octobre en est une étape importante. Tout est ouvert, y compris la réflexion sur notre nom, le terme d'« assistance » semblant désormais désuet. Mais pas les valeurs d'humanisme qu'il recouvrait à l'époque. L'un de nos soucis est de préserver les capacités de réactivité dont nos associations - même si certaines se sont bureaucratisées - ont toujours fait preuve pour satisfaire les besoins de la population.
(1) FEHAP : 179, rue de Lourmel - 75015 Paris - Tél. 01 53 98 95 00.