Alors même que leurs enfants posent des problèmes de comportement ou de travail, certains parents de collégiens se font particulièrement remarquer par leur absence : ils ne viennent pas, ou très peu, aux réunions de parents d'élèves, ne se déplacent pas pour rencontrer les enseignants et ne répondent pas aux convocations qui leur sont adressées. Pour mieux comprendre la logique de ces parents « introuvables », qui sont aussi ceux que le service social scolaire désespère de pouvoir contacter pour mener à bien ses missions d'aide aux enfants en difficulté, le sociologue Daniel Verba a effectué une recherche dans six collèges de la région parisienne situés sur un territoire où vit une population plus défavorisée que la moyenne de l'académie. Réalisé avec des assistants sociaux exerçant dans les établissements concernés, ce travail a été conduit à partir d'entretiens avec des familles reçues pour une demande d'aide ou repérées en raison des problèmes sociaux ou scolaires de leurs enfants.
Plusieurs profils types de parents se dégagent de l'analyse, dont la distance à l'institution scolaire a beaucoup à voir avec leur propre niveau d'études. Ainsi, les parents les plus en retrait sont souvent aussi les moins bien dotés scolairement. Certains fuiraient les contacts avec le collège en raison du profond malaise ressenti par rapport à une institution qui ne fait que renforcer leur sentiment d'infériorité. D'autres ne semblent pas autant sur la défensive, mais ayant perdu confiance dans les vertus promotionnelles de l'école, ils jugent d'autant plus inutile d'entrer en relation avec l'établissement de leur enfant qu'ils séparent nettement les registres d'intervention scolaire et familiale. A la différence des familles « fuyantes » ou « désabusées », les parents « critiques », au niveau scolaire plus élevé, sont très impliqués dans la scolarité de leurs enfants et ils souhaiteraient bien instaurer des rapports constructifs avec le collège. Cependant, ils ont été échaudés par les marques de mépris dont ils estiment qu'eux-mêmes ou leur enfant ont été victimes de la part des équipes pédagogiques, ce qui les a conduit à raréfier, voire à suspendre leur collaboration avec l'établissement.
Au vu de la « violence institutionnelle » ressentie par la plupart des parents rencontrés, Daniel Verba estime prioritaire de revoir l'accueil des familles dans les collèges - si tant est qu'on y souhaite vraiment leur venue. A cet égard, le service social scolaire serait bien placé pour jouer un rôle de médiateur entre les familles et l'école, mais il se heurte au fonctionnement très cloisonné de la communauté scolaire. Le plus souvent, fait observer l'auteur, les enseignants et le personnel d'encadrement des établissements ont tendance à penser que le problème est résolu dès lors qu'ils ont alerté les travailleurs sociaux. Sur ce plan-là aussi, le partenariat est encore loin d'aller de soi.
Echec scolaire : travailler avec les familles - Daniel Verba - Ed. Dunod - 21 € .
Répondant à la demande d'un conseil général d'Ile-de-France soucieux de mieux connaître les caractéristiques des bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI) et, en particulier, la question de leur rapport au (non-)travail, la politologue Noëlle Burgi a effectué une enquête approfondie auprès de 150 allocataires et des acteurs de l'insertion sociale et professionnelle du département. A partir des entretiens réalisés, la chercheuse met notamment en évidence les « stratégies en miroir » développées par les différents protagonistes. A l'instar d'un jeu dont personne n'est dupe, explique-t-elle, le traitement du chômage et la recherche d'emploi s'organisent autour d'un certain nombre de règles, formelles et explicites ou de l'ordre du non-dit. Qu'il s'agisse de s'y conformer, de les contourner, ou d'essayer de les infléchir, les allocataires ont évidemment intérêt à se les approprier rapidement : ils risquent, sinon, de voir suspendu le versement de leur allocation. Nul n'ignore, ainsi, l'importance d'apporter des preuves tangibles de sa motivation permettant de montrer qu'on n'est pas un « fainéant ». Témoignant de cet usage pragmatique qu'ils font du dispositif, les allocataires évoquent aussi l'une des règles les mieux connues - et les plus mal vécues : l'obligation d'aller « tout déballer à l'assistante sociale » lorsqu'ils font leur demande de RMI. Or « de l'injonction biographique à l'interprétation psychologisante, il n'y a qu'un pas presque toujours franchi par les intervenants », affirme Noëlle Burgi. Fustigeant un mode d'approche essentiellement centré sur la personnalité du chômeur pour rendre compte de sa situation et de son (in)employabilité, la chercheuse ne méconnaît pas, pour autant, la souffrance qui naît de la privation de travail et risque d'obérer les chances de réinsertion des intéressés. Cependant, elle met vigoureusement en cause la tendance à pathologiser le chômage qui, même avec les meilleurs intentions du monde, contribue à faire passer des difficultés sociales pour des problèmes psychologiques et peut conduire à « l'administration de remèdes inadaptés à la «souffrance» diagnostiquée ».
La machine à exclure. Les faux-semblants du retour à l'emploi - Noëlle Burgi - Ed. La Découverte - 20 € .
Fruit d'une longue histoire que Caroline Mécary, avocate, retrace à grands traits, le modèle français de l'adoption se caractérise par le choix entre deux options : l'adoption plénière, qui confère à l'adopté une filiation se substituant entièrement à sa filiation d'origine, et l'adoption simple qui ne rompt pas cette dernière et lui ajoute le lien de filiation adoptif. Examinant les conditions et les effets de ces deux modes d'adoption, l'auteur pointe aussi les questions que la dernière réforme en date - celle du 4 juillet 2005 - s'est bien gardée d'aborder : l'ouverture de l'adoption aux couples non mariés (concubins ou pacsés) et aux personnes homosexuelles, célibataires ou non.
L'adoption - Caroline Mécary - Ed. PUF, coll. Que sais-je ? - 8 € .
Relativement récent en France - Paul Durning le fait remonter au milieu des années 80 -, l'intérêt des chercheurs pour l'activité éducative des familles a accompagné le développement des dispositifs sociaux d'aide et de suppléance. Dans cet ouvrage publié pour la première fois en 1995, l'auteur, professeur de sciences de l'éducation et responsable de l'Obser-vatoire national de l'enfance en danger (ONED), reprend les principaux travaux à même d'éclairer les processus éducatifs intrafamiliaux et leurs dysfonctionnements, ainsi que la complexité des rapports entre les parents et les professionnels.
Education familiale. Acteurs, processus et enjeux - Paul Durning - Ed. L'Harmattan - 25,50 € .
Depuis sa création en décembre 1980, l'Association des collectifs enfants-parents - puis enfants, parents, professionnels (ACEPP) à partir de 1988 -, a créé plus d'un millier de crèches parentales, notamment dans des quartiers où vit une importante population immigrée. Le secteur interculturel de l'ACEPP y a mis en place une démarche de développement social favorisant la participation des parents aux processus d'amélioration de leurs conditions de vie. C'est cette aventure que retrace Marie-Laure Cadart, médecin et anthropologue, alors que l'ACEPP s'efforce aujourd'hui de théoriser sa « pédagogie de la diversité » et réfléchit à l'accueil d'enfants dont la différence tient à leur situation de handicap.
Des parents dans les crèches, utopie ou réalité ? Accueillir la diversité des enfants et des familles dans le réseau des crèches parentales - Marie-Laure Cadart - Ed. érès - 23 € .
Educateur spécialisé devenu chercheur en sociologie et formateur, Bertrand Dubreuil délaisse ici la plume académique pour livrer 11 portraits sensibles de jeunes leaders positifs issus de l'immigration maghrébine. Des itinéraires exemplaires ? Non, répond l'auteur. Mais des « chemins de vie » qui l'ont visiblement conquis.
Chemins de banlieue, chemin de vie - Bertrand Dubreuil - Ed. L'Harmattan - 17 € .
Proposant une réflexion sur le consentement, notamment dans le domaine médical et dans celui des pratiques sexuelles, la philosophe Michela Marzano analyse les conditions - et conditionnements - qui pèsent sur la détermination des choix individuels.
Je consens, donc je suis... - Michela Marzano - Ed. PUF - 15 € .
Aider les aidants : tel était le thème des « Diagonales », débats organisés par la Fondation Caisses d'épargne pour la solidarité le 5 décembre 2005. A l'ordre du jour : les dispositifs de type accueil de jour ou accueil temporaire, le développement des services de proximité, l'adaptation du logement et l'apport possible des nouvelles technologies pour faciliter la vie quotidienne.
Diagonales n° 3 - Fondation Caisses d'épargne pour la solidarité : 9, avenue René-Coty - 75014 Paris.
Le XIXe congrès international de la Société de psychogériatrie de langue française s'est tenu en septembre 2003 sur le thème de l'accompagnement des parents âgés dépendants psychiques. Les intervenants - praticiens, chercheurs et enseignants -, ont abordé la prise en charge de la démence à travers les problèmes qu'elle peut poser pour le système familial, l'intervention psychosociale auprès des familles violentes ou négligentes, ou encore le risque de « décompensation psychique » chez les aidants familiaux.
Sous la direction de Philippe Guillaumot - Ed. éres - 22 € .
La loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine (PRU) du 1er août 2003 prévoit la restructuration urbaine d'un certain nombre de quartiers classés en zone urbaine sensible sur une période de cinq ans. Objectif : les transformer radicalement afin qu'ils deviennent des territoires « ordinaires ». Dans le cadre du cycle de qualification de Profession banlieue, organisé les 3,10 et 17 juin 2005, les intervenants s'interrogent sur les modalités d'intégration de ces PRU dans des projets déjà existants ou encore sur l'opportunité de les adosser à une démarche de développement durable.
Les Cahiers de profession banlieue - Juin 2005 - Profession banlieue : 15, rue Catulienne - 93200 Saint-Denis - Tél. 01 48 09 26 36 - 13,50 € .
Selon les organisations non gouvernementales, plus de 1 000 candidats africains à l'immigration auraient déjà perdu la vie en tentant de rejoindre les îles espagnoles depuis le mois de novembre 2005. Lors de sa journée du 20 mars 2006, le Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI) revient sur ce « produit brut, violent de l'externalisation », qui guide désormais la politique européenne de l'asile. Le principe, résume le GISTI, consiste à doter l'Union des outils nécessaires pour lui permettre de transférer vers d'autres pays sa propre responsabilité en matière d'immigration, au-delà de ses frontières.
GISTI : 3, villa Marcès - 75011 Paris- Tél. 01 43 14 84 84 - 8 € (+ 1,50 € d'envoi).