Recevoir la newsletter

« Cadrer plus fortement la médiation de nuit »

Article réservé aux abonnés

Après avoir planché sur le sujet pendant plusieurs années, le « Réseau des Villes correspondants de nuit » s'apprête à diffuser une charte de déontologie pour ce champ spécifique d'intervention. Explications de Jean-Yves Gérard, maire adjoint à la ville de Rennes, fondateur et animateur du réseau (1).
Pourquoi avoir initié cette charte ?

Elle tient compte de la charte de référence de la médiation sociale créée en 2001, à laquelle nous avons collaboré. Mais parce que la médiation de nuit intervient dans un contexte différent en termes de temps - la nuit donnant une dimension paroxystique aux problèmes - et d'espace - souvent des lieux intermédiaires, comme les halls d'immeubles, ou des espaces privés -, il nous a semblé nécessaire de la cadrer de manière plus forte et plus claire. Les travailleurs sociaux nous avaient en outre posé la question du cadre déontologique qui présidait aux interventions des correspondants de nuit. Leur métier part d'une démarche ambitieuse qui repose sur la confiance dans l'intelligence de nos concitoyens et sur le travail dans le temps, pour construire une solution durable. En cette période de mouvement législatif, il n'est pas anodin que ce choix éthique sur l'animation de la société soit posé.

Comment le texte a-t-il été élaboré ?

La réflexion a commencé il y a six ans environ. J'ai souhaité que la charte soit construite dans la concertation la plus large possible : les 30 villes du réseau, de colorations politiques différentes, ont chacune une histoire et une expérience propres qu'il était important de prendre en compte. Nous avons ensuite soumis le texte à la lecture du Forum français pour la sécurité urbaine, de la délégation interministérielle à la ville puis de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, qui avait en 2005 émis des constats très sévères sur un service d'une société HLM de l'Yonne, accusé d'introduire une confusion dans les missions. Nous attendons son avis pour diffuser la charte.

Le document évoque plus la restauration du lien social que la prévention de la délinquance... Sur quel registre vous situez-vous ?

Les correspondants de nuit participent à la prévention de la délinquance de manière transversale, grâce à une bonne connaissance du quartier, à une fonction de présence récurrente et permanente. Les services interviennent par exemple sur le rapport entre le légal et l'illégal dans certains quartiers où la norme pénale entre en compétition avec une autre hiérarchie de normes. En contribuant à la prévention de la détresse sociale, par une action de proximité sécurisante et de pédagogie citoyenne, ils aident aussi certains jeunes à se remettre en harmonie avec les règles de vie et le droit. Là encore en faisant le pari de la confiance : n'oublions pas que, plusieurs travaux l'attestent, la délinquance cesse chez 90 % d'entre eux lorsqu'ils atteignent l'âge adulte.

Un volet de la charte est consacré à la transmission d'information...

L'identité du métier, l'identité de l'acte et l'identité éthique du correspondant de nuit sont en effet les trois composantes de la charte. Je l'ai dit au bureau de l'Association des maires de grandes villes de France : tout ce qui relève de la sphère privée n'a pas à être communiqué à l'élu. Mais ce dernier, quand il est confronté à une situation de jeune en train de sombrer, doit pouvoir solliciter des solutions dans un objectif de protection. C'est pour cette raison que nous précisions que toute information nominative peut être échangée avec les partenaires dans le respect de la confidentialité, à condition qu'elle ne soit pas utilisée dans un but de sanction. Quelle attitude des correspondants de nuit par exemple en cas d'occupation des halls d'immeubles, désormais une infraction ? Leur rôle n'est pas de dénoncer, mais de trouver une solution permettant d'organiser autrement le rassemblement.

Depuis 12 ans, les services ont évolué. La preuve de leur maturité ?

Dans 80 à 90 % des cas, la médiation permet la résolution du problème. La qualité des interventions et des diagnostics aujourd'hui peut être un apport très précieux pour les services de jour - médiation, prévention spécialisée ou services sociaux. La formation a elle aussi évolué, comme en témoigne le partenariat entre l'Institut régional de travail social de Rennes et les services. Les associations travaillent de façon permanente à l'amélioration de la formation continue et à l'évaluation des services.

Quelle force la charte aura-t-elle au sein du réseau ?

Seuls les services qui auront adopté la charte pourront adhérer au réseau sous forme associative, que nous envisageons de créer à la fin de l'année. Ce chantier permettra d'en ouvrir un autre : l'élaboration d'un référentiel métier pour les quelque 1 000 correspondants qui existent aujourd'hui.

Notes

(1) Jean-Yves Gérard : Hôtel de ville de Rennes - Place de la mairie - 35000 Rennes - Tél. 02 23 62 10 10.

Questions à

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur