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JUSTICE

La justice des enfants perdus

En faisant primer l'enfant sur le délinquant, la personnalité sur l'acte et l'éducation sur la répression, l'ordonnance du 2 février 1945 a instauré une justice d'exception pour les mineurs, explique Manuel Palacio, directeur au sein de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Cette « exception positive » qui parie sur l'éducabilité du jeune - sans pour autant poser le principe de son irresponsabilité pénale ni abroger la possibilité de l'incarcérer - fait régulièrement polémique. Devant l'angoisse sociale générée par la montée du sentiment d'insécurité, la tentation est grande de remettre en cause l'esprit d'un texte « tellement progressiste que 1945 apparaît aujourd'hui en avance sur 2006 », souligne l'auteur. Pour autant, reprocher à la justice des mineurs de ne pas réussir à endiguer le développement de la délinquance juvénile, c'est lui faire un mauvais procès : s'il lui revient, en effet, d'intervenir en aval des actes commis - ce qui peut donc conduire à l'interpeller sur son efficacité quant à la récidive -, l'institution judiciaire ne dispose pas des leviers nécessaires pour répondre à un phénomène dont les déterminants sont essentiellement d'ordre collectif. Chômage endémique, ségrégation urbaine, fragilisation des structures familiales, exclusion scolaire et sociale : la crise qui a ravagé la société et ses mécanismes d'intégration ne pouvait pas ne pas produire de « dégâts collatéraux ». La délinquance des mineurs en est un, qui s'est profondément transformée depuis le début des années 80. Quantitativement plus importante qu'alors, elle est aussi plus précoce, plus violente et très territorialisée : ce sont sur leurs lieux de relégation que les jeunes en déshérence réagissent à l'absence de perspectives d'avenir.

Il semble, de ce point de vue, que l'histoire bégaie, commente Manuel Palacio : 25 ans après les émeutes estivales des Minguettes, l'explosion des banlieues qui s'est produite dans tout le pays à l'automne 2005 est venue rappeler, si besoin était, qu'il ne peut y avoir d'intervention efficace sur le parcours des individus qui ne prenne en compte les problèmes qui sont à l'origine de leur situation. D'où le sentiment désespérant d'inutilité éprouvé par les acteurs de l'éducation spécialisée, en dépit des succès qu'ils obtiennent auprès des jeunes concernés : leurs réponses sont efficaces, mais circonscrites au traitement individuel et temporaire d'un mal collectif massif. Etayant ses développements d'entretiens avec plusieurs experts - parmi lesquels Jean-Pierre Rosenczveig, juge des enfants, et Jean-Louis Daumas, ancien directeur du centre des jeunes détenus de Fleury-Mérogis chargé de la mise en place des futurs établissements pénitentiaires pour mineurs -, Manuel Palacio montre que l'échec des dernières décennies tient à « l'incapacité d'articuler l'action éducative au bénéfice des mineurs sous décision de justice à une politique d'ensemble sur les différents espaces qui constituent le creuset de la délinquance ». Or force est de constater que tous les nouveaux programmes judiciaires concernent la dimension de la sanction et les prises en charge éloignées. Aussi les services éducatifs de la justice n'ont-ils pas les moyens d'élargir leur intervention pour collaborer à des projets relevant de la prévention et de la résolution des difficultés qui sont à l'origine de la marginalisation des jeunes dont ils s'occupent.

La justice des enfants perdus. Intervenir auprès des mineurs - Manuel Palacio - Ed. La Découverte - 26 € .

TRAVAIL SOCIAL INTERVENTION SOCIALE

Penser le management en action sociale et médico-sociale

Comme Monsieur Jourdain qui composait de la prose sans le savoir, de nombreux professionnels du secteur social et médico-social font du management sans se référer à une technique précise, explique Jean-René Loubat, psychosociologue et consultant. Cependant, l'époque de ce « management invisible », paternaliste, charismatique et empirique, est bel et bien révolue, affirme-t-il. Saluant l'avènement d'une ère de managers dotés des théories et des outils nécessaires pour dépasser « la gestion d'épicier » encore de mise dans certains établissements, Jean-René Loubat est formel : non, le social ne va pas perdre son âme en acquérant méthode, rigueur et sens des réalités. D'autant qu'en dépit d'un certain nombre de spécificités liées à leur histoire et à leur culture de référence, les service sociaux ou médico-sociaux ne fonctionnent pas de manière foncièrement différentes des autres entreprises de service. Aussi, sans transposer purement et simplement au secteur social des recettes issues du monde industriel, l'auteur propose, études de cas à l'appui, de s'inspirer des modes de direction et d'organisation qui ont, par ailleurs, prouvé leur efficacité, pour trouver une voie managériale adaptée à ce champ d'activités, l'un des plus importants de l'économie française.

Penser le management dans les organisations sociales et médico-sociales - Jean-René Loubat - Ed. Dunod - 32 € .

INSERTION- EMPLOI

De l'institution à l'insertion professionnelle

Du premier contact avec un établissement spécialisé à une hypothétique entrée dans l'emploi, ordinaire ou protégé, Georges Bonnefond, éducateur spécialisé, présente les itinéraires que peuvent emprunter les jeunes atteints d'une déficience intellectuelle. Décrivant le travail réalisé auprès d'eux par des institutions qui sont à la fois tributaires de leurs moyens, pas toujours adaptés, et d'une réalité économique de plus en plus excluante, l'auteur met en regard la minceur des résultats obtenus, en termes d'insertion professionnelle, par rapport à l'importance des efforts humains et financiers qui sont déployés. Sous l'effet conjugué de l'élévation des exigences techniques et de la raréfaction de l'emploi, ce qui était difficile il y a 35 ans, l'est encore plus aujourd'hui, fait-il observer. Et d'interroger : face à l'indifférence de la société à leur égard, les jeunes déficients intellectuels sont-ils voués à occuper cette place de « surnuméraires » qu'a analysée le sociologue Robert Castel ?

De l'institution à l'insertion professionnelle. Le difficile parcours des jeunes déficients intellectuels - Georges Bonnefond - Ed. érès - 15 € .

PERSONNES HANDICAPÉES

Le temps des servitudes

Quand ils décrivent leur quotidien, c'est de « servitudes » dont parlent les parents d'enfants, d'adolescents et d'adultes atteints d'une déficience (intellectuelle, psychique, sensorielle, motrice...). Evoquant cette disponibilité de tout instant qui leur est demandée et les oblige à « vivre en laisse », les quelque 700 parents interrogés dans le cadre de la recherche dont rend compte cet ouvrage - des mères, essentiellement -, mettent en évidence l'absence de soutien approprié qui serait susceptible d'améliorer la qualité de vie de la famille : manque de places en établissement, pénurie de services de garde, d'aides à domicile, de transports, contraintes nées des logiques institutionnelles de prise en charge éducative et rééducative, puis difficultés d'accès à la formation professionnelle ou à l'emploi pour l'enfant devenu adulte. Génératrice d'isolement social et de marginalisation professionnelle, la réorganisation du temps parental autour des besoins de l'enfant handicapé oblige à vivre dans une immédiateté permanente, cependant qu'est toujours en suspens la question du lendemain. C'est pourquoi, soulignent les auteurs, parler de servitude c'est aussi « signifier le poids que représente pour les parents la présence de difficultés qui dépassent leur durée de vie ».

Le temps des servitudes. La famille à l'épreuve du handicap - Serge Ebersold, avec la collaboration d'Anne-Laure Bazin - Presses universitaires de Rennes - 20 € .

À LIRE AUSSI

Analyser et faire évoluer les pratiques éducatives

Détaillant les différents champs qui constituent le cadre des projets d'action sociale - les valeurs, les méthodes, les pratiques et les positionnements professionnels -, Jacques Danancier, conseiller technique au centre régional pour l'enfance et l'adolescence inadaptées (CREAI) de Basse-Normandie, propose aux équipes des outils leur permettant d'évaluer leurs façons d'intervenir, de réfléchir à leur mode d'implication, et de résoudre collectivement des situations problématiques.

Analyser et faire évoluer les pratiques éducatives - Jacques Danancier - Ed. Dunod - 23 € .

Architecture et gérontologie

Quand la dépendance liée au vieillissement oblige à quitter son domicile pour s'installer dans une maison de retraire, encore faut-il que ce lieu de vie en soit réellement un. Mais précisément : à quelles conditions une institution d'hébergement peut-elle devenir un espace habitable ? Telle est la question qui est au coeur de cet ouvrage, fruit de la rencontre entre une gérontologue et un architecte spécialisé dans l'habitat des personnes âgées, qui ont travaillé ensemble dans le cadre de la restructuration d'établissements et de la formation de leurs directeurs.

Architecture et gérontologie. Peut-on habiter une maison de retraite ? - Colette Eynard et Didier Salon - Ed. L'Harmattan - 19,50 € .

- ACTES DE COLLOQUES -

Les crèches familiales au coeur des innovations

L'Atelier petite enfance du Rhône a consacré, le 8 novembre 2005, une journée d'étude aux crèches familiales, structures qui rencontrent des difficultés. Comment leur redonner leur place en complémentarité avec les autres dispositifs d'accueil des jeunes enfants ?

Atelier petite enfance du Rhône : 31, rue Mazenod - 69426 Lyon cedex 03 - Tél. 04 78 14 52 90.

Genre et Etat-providence

Adieu au maternalisme ? Grève des ventres ? Garde des bébés ?... Un colloque de l'Association internationale de sociologie tenu en septembre 2004 s'est intéressé aux réformes des politiques familiales en Europe et en Amérique du Nord, plus particulièrement sous l'angle de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, du travail des femmes, de l'égalité des sexes et des questions de fécondité. Avec une grille de lecture en termes de genres, il souligne les différences institutionnelles et idéologiques notables entre les régimes.

Recherches et prévisions n° 83 - CNAF : 32, avenue de la Sybelle - 75685 Paris cedex 14 - Tél. 01 45 65 52 52 - Articles consultables sur www.cnaf.fr.

Direction petite enfance

A l'origine composée de professionnels travaillant autour de la relation d'aide et sur le registre du « psycho-corporel », l'association Inventer, parler, sentir, écouter (IPSE) a organisé, les 17 et 18 novembre 2005, des assises sur la fonction de direction dans les structures de la petite enfance. Le programme a permis d'aborder des sujets essentiels mais éludés dans les textes réglementaires : le « savoir spécifique » de compréhension des comportements de l'enfant, l'écoute dans le soutien à la parentalité et - sujet d'actualité - « les capacités d'observation et de prudence pour mettre en oeuvre une prévention précoce en termes d'éducation ».

Association IPSE : 17, rue de la Hardt - 68110 Illzach - Tél. 03 89 46 43 09.

« Cultivons la solidarité en Europe »

La place de l'insertion par l'activité économique en général, et des Jardins de Cocagne en particulier, la délicate mise en place du plan de cohésion sociale et les difficultés des accompagnateurs sociaux : tels sont quelques-uns des thèmes explorés les 24 et 25 novembre 2005 dans la Haute-Vienne, lors du VIIe Forum national du réseau Cocagne. Du rôle des « jardins » dans la lutte contre l'exclusion à la comparaison européenne des politiques d'intégration sociale, la rencontre s'est déroulée sous le signe de l'échange d'expériences.

Réseau Cocagne : 2, Grande-Rue - 25220 Chalezeule - Tél. 03 81 21 21 10 - Disponible sur demande, dans la limite du stock.

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