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« Les esprits sont prêts à penserles politiques sociales autrement »

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Six mois après le lancement de ses états généraux (1), consultation destinée à établir un diagnostic de l'exclusion, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) publie un premier livre blanc (2). Nicole Maestracci, sa présidente, explique l'originalité de la démarche.
Que s'est-il passé depuis le lancement des états généraux en janvier ?

Les associations régionales de la FNARS ont organisé des réunions et essayé de définir et de mettre en perspective les besoins auxquels les associations peuvent répondre et ceux auxquels elles ne peuvent pas répondre. Nous avions préparé un certain nombre de questions sur les thèmes du logement et de l'hébergement, des travailleurs pauvres, des personnes très éloignées de l'emploi, des jeunes en difficulté, de l'accueil des étrangers, des enjeux européens pour les associations de solidarité... Cette consultation nous a permis de dégager des premiers constats, des pistes d'orientation et des préconisations qui serviront de base à des débats avec les autres réseaux associatifs et les élus. L'objectif est de présenter un « livre des états généraux » lors de notre prochain congrès, les 17 et 18 novembre à Strasbourg, qui sera remis aux candidats aux élections présidentielle et législatives de 2007.

Un énième rapport sur l'exclusion ?

La plupart des constats sont en effet connus et nous reprenons des propositions récurrentes, comme l'opposabilité du droit au logement, le contrat unique d'insertion... Mais notre démarche consiste à construire des propositions à partir de l'expérience quotidienne de l'accompagnement des plus démunis. Il s'agit de rendre visible le travail des associations, mal connu et habituellement plutôt perçu comme une dépense. Elles sortent ainsi de leur jeu de rôle traditionnel face aux pouvoirs publics - qui est plutôt de réagir aux politiques mises en oeuvre - pour proposer de nouveaux modes d'élaboration et d'explicitation des choix. Qu'est-ce que les acteurs ont à dire sur leurs pratiques, les obstacles qu'ils rencontrent, la complexité des dispositifs, les injonctions paradoxales auxquelles ils sont confrontés ? Nous associerons localement les services de l'Etat et lors de notre congrès, environ 300 usagers seront présents. La démarche est modeste, mais indispensable. On peut accumuler les rapports d'experts, si les constats ne sont pas partagés par ceux qui mettent en oeuvre les politiques de lutte contre l'exclusion, ils resteront inutiles.

Etes-vous encore optimiste ?

Je ne suis pas naïve sur notre capacité à changer la donne ! Nous sommes de surcroît en fin de législature... Mais l'idée est de sortir la lutte contre l'exclusion de la bulle du social et d'en faire un véritable enjeu politique. Nous avons convaincu notre propre réseau, intéressé d'autres réseaux associatifs et beaucoup d'élus locaux et de parlementaires. Les esprits sont aujourd'hui prêts à penser les politiques sociales un peu différemment. A force de répondre à l'immédiateté, d'empiler les dispositifs, le système est devenu opaque. L'opinion n'est pas dupe lorsque les annonces se succèdent à un tel rythme que personne ne sait plus ce qui est opérationnel ou non. Jusque dans les administrations, les gens veulent que les choses bougent.

Vous revendiquez un droit à l'initiative associative...

Les associations regrettent d'être trop souvent instrumentalisées et d'être vues uniquement comme des gestionnaires de dispositifs. Or, à partir d'un constat partagé sur les besoins, à partir de nos compétences et de notre expérience, nous voulons avoir notre mot à dire sur la manière d'y répondre. Les associations souhaiteraient, sur la base d'objectifs élaborés conjointement, que les pouvoirs publics leur donnent un mandat plus large et global qui leur permettrait de sortir de dispositifs trop cloisonnés. C'est dans ce sens que nous défendons le contrat unique d'insertion, qui devrait permettre aux travailleurs sociaux d'adapter les contrats aidés aux besoins des personnes, en termes de durée du contrat, de temps de travail et de formation. En contrepartie, les pouvoirs publics pourraient nous demander des résultats chiffrés et effectuer un contrôle a posteriori.

Vous attendez de la conférence de la famille, prévue le 3 juillet, une réforme globale des systèmes de solidarité...

Notre système d'aide est extrêmement complexe. Nous nous inscrivons dans une logique de simplification et d'aide aux plus démunis. Estimant qu'il y a une contradiction entre une politique familiale en direction de toutes les familles et la politique de lutte contre l'exclusion, nous pensons que le calcul des prestations familiales doit tenir compte de toutes les ressources du ménage.

Notes

(1) Voir ASH n° 2440 du 27-01-06, p. 45.

(2) Disp. sur www.fnars.org - FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.

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