Recevoir la newsletter

Pour prévenir la psychopathie, la HAS préconise d'articuler les interventions médicale, sociale et judiciaire

Article réservé aux abonnés

« Il ne s'agit pas de dépister de futurs délinquants mais [de] s'occuper des enfants qui souffrent. » En présentant le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la prise en charge de la psychopathie (1), la magistrate Nicole Maestracci s'est défendue de tout amalgame. Commandée par le ministère de la Santé, l'audition publique qu'elle présidait s'est en effet déroulée sur un fond de polémique. Celle déclenchée par le rapport de l'Inserm sur les troubles de conduite des enfants et des adolescents (2).

La psychopathie n'est pas une maladie mentale, mais un trouble complexe de la personnalité qui ne peut être reconnu qu'à l'âge adulte, indique le rapport de la HAS, qui recommande en tout cas « la plus extrême prudence sur l'existence d'un lien causal » entre psychopathie et délinquance. Aucune analyse sérieuse n'a été réalisée sur ce thème, relève-t-il. Malgré ces incertitudes et le risque de stigmatisation (jugé moins grave que celui de l'inaction), la commission d'audition préconise des interventions précoces, mais avec « une stratégie de repérage et de prévention non spécifique », s'attachant à tous les signes de souffrance psychique « et pas seulement aux troubles de conduite dont les manifestations sont les plus dérangeantes et les plus visibles ».

« Le repérage n'a de sens que s'il est accompagné d'une offre de prise en charge », ajoute aussitôt la commission, qui constate cependant que « les moyens sont insuffisants, souvent mal coordonnés et inégalement répartis sur le territoire ». Il faut donc développer les effectifs médicaux et sociaux des secteurs de psychiatrie infanto-juvénile, veiller à la continuité des prises en charge, notamment pour les 16-21 ans, et nommer à cet effet des travailleurs sociaux référents, renforcer les services intervenant auprès des mineurs en danger afin que les mesures décidées (en milieu ouvert ou hors de la famille) soient mises en oeuvre rapidement, enfin assurer le soutien des équipes éducatives.

Pour les adultes, le rapport préconise l'adoption de schémas d'intervention coordonnés entre l'hôpital, le secteur psychiatrique et les intervenants sociaux. Il suggère d'organiser, par convention, la collaboration entre les secteurs de la psychiatrie et les structures d'insertion sociale et même d'inscrire cette exigence dans les projets d'établissement, notamment pour les centres d'hébergement et de réinsertion sociale. Il propose aussi de « structurer de manière rigoureuse le travail fonctionnel des équipes » et de prévoir « un temps institutionnel d'analyse et d'échange en commun », l'organisation d'une supervision étant « absolument indispensable ».

Une autre série de recommandations porte sur l'articulation des champs sanitaire et judiciaire, comme le renforcement des équipes de soin psychiatrique en milieu pénitentiaire, l'établissement systématique d'un protocole de coordination entre les personnels médicaux, pénitentiaires et du service d'insertion et de probation, le développement de « relais préparés et anticipés » pour les sortants de prison...

Autant de perspectives qui supposent une politique volontariste de formation de tous les acteurs et un « partage régulier de connaissances et d'informations », selon un « protocole rigoureux », entre tous les intervenants sur un même territoire.

Notes

(1) Prise en charge de la psychopathie, rapport d'orientation - Disp. sur www.has-santé.fr.

(2) Voir ASH n° 2448 du 24-03-06, p. 36.

LE SOCIAL EN TEXTES

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur