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« L'aide alimentaire doit être un levier d'insertion sociale »

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La Fédération française des banques alimentaires a rendu publics, le 15 juin, les résultats de la première enquête statistique effectuée au sein de son réseau avec l'institut CSA (1). L'« aide sociale en nature » qu'est l'aide alimentaire doit aller au-delà de la logique d'assistance, revendique Pierre de Poret, son président.
Pourquoi avez-vous lancé cette enquête ?

Nous manquions de statistiques précises sur les personnes concernées par l'aide alimentaire, à part l'étude « Abena » (2), qui a une approche sanitaire de la question. Or il y a de quoi s'interroger : on évalue à environ 3 millions le nombre des personnes qui ont recours à cette aide, soit 5 % de la population ! Nous avons souhaité orienter notre action à partir de données objectives recueillies au sein de notre réseau, 4 700 structures, dont la plupart sont des associations indépendantes (35 %) et des centres communaux d'action sociale (CCAS) ou des centres intercommunaux d'action sociale (26 %).

Quels enseignements en tirez-vous ?

La dégradation de notre environnement social : près de la moitié des structures constatent une augmentation de la demande, le réseau venant aujourd'hui en aide à 750 000 personnes. Parmi les populations fragilisées, les plus jeunes et les plus âgés sont touchés : un quart des personnes accueillies a moins de 26 ans, près d'une sur dix a plus de 70 ans. Environ une sur quatre est le chef d'une famille monoparentale. Même si 43 % perçoivent des minima sociaux, une sur dix travaille, deux sur trois ont un logement, 16 % sont retraités. Ces résultats corroborent les conclusions d'une enquête qualitative réalisée en 2004 avec Serge Paugam : l'aide alimentaire est une aide sociale en nature déléguée aux associations par les pouvoirs publics. Plus de la moitié des personnes y ont recours depuis plus de un an et 5 % l'utilisent même depuis plus de dix ans ! Pour aider ces publics à sortir de l'assistance, sachons faire de l'aide alimentaire un levier d'insertion sociale. Celle-ci est d'ailleurs perçue comme une première étape vers l'intégration par 32 % des structures. Au total, huit sur dix évoquent l'intérêt d'aller au-delà de la simple fourniture de denrées et de se fixer pour objectif l'insertion, la perspective d'une reconstruction personnelle ou l'amélioration de la santé.

Quel est le rôle de l'aide alimentaire dans ce parcours ?

Autour de l'alimentation se joue quelque chose de vital et d'éminemment social. En témoignent les actions collectives comme les épiceries sociales, souvent montées à l'initiative des CCAS. Ces derniers, avec lesquels nous travaillons de plus en plus, permettent d'instaurer le dialogue entre les bénévoles et les travailleurs sociaux, qui parfois se dressent mutuellement des procès d'intention. L'enquête montre que 15 % des associations attendent des banques alimentaires des informations en matière d'aide à l'insertion, après la diététique et les relations avec les personnes accueillies. Contrairement à une idée répandue sur notre action, nous recommandons l'intervention de conseillères en économie sociale et familiale ! Ces professionnelles pourront participer à des supports pédagogiques sous forme d'ateliers de cuisine que nous allons développer à l'automne prochain en direction des associations, dans le prolongement du « plan alimentation et insertion » mis en place par le gouvernement en 2003 (3). La banque alimentaire au coeur du réseau associatif local sera par ailleurs un sujet central de notre congrès, les 12 et 13 octobre. Organisé sur le thème « Ensemble, aidons l'homme à se restaurer », il orientera notre projet associatif.

Et en matière de nutrition ?

Une structure sur quatre déclare ne pas être satisfaite de la diversité des produits et 40 % attendent davantage d'accompagnement sur le plan de la diététique et de la nutrition. La fédération a un rôle à jouer en matière d'amélioration de la santé, notamment en aidant les associations à s'équiper de matériel de stockage de produits frais. Mais les associations se heurtent aussi à des problèmes qui relèvent davantage des collectivités territoriales. Ainsi, 21 % déplorent des problèmes de financement, 23 % des locaux inadaptés. A partir du moment où il y a délégation de l'aide sociale, il est du ressort des pouvoirs publics de s'assurer que les associations disposent des moyens d'assumer dignement cette mission ! Pour notre part, nous avons déjà formé plus de 1 000 bénévoles à la nutrition dans le cadre du « plan alimentation et insertion ». Certaines actions étudiées lors du comité interministériel de lutte contre l'exclusion du 12 mai dernier devraient prochainement donner lieu à concertation avec les acteurs concernés.

(1) Portrait des personnes accueillies et situation et attentes des associations et CCAS partenaires - Mai 2006 - FFBA : 15, rue du Val-de-Marne - 94257 Gentilly cedex - Tél. 01 49 08 04 70.

(2) « Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire 2004-2005 » - Voir ASH n° 2449 du 31-03-06, p. 35.

(3) Voir ASH n° 2325 du 19-09-03, p. 9.

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