« Dans la vie, on est parfois débordé... » « On s'occupe de vous et ça change tout. » C'est avec ces accroches - illustrées par le canard de bébéqui passe par-dessus bord avec l'eau du bain - que France Domicile a annoncé son lancement officiel, le 31 mai. Après quatre mois de test dans six départements(1), l'enseigne de services à domicile est désormais présente sur l'ensemble du territoire(2).
Son offre veut s'inscrire dans une gamme très large d'une vingtaine de types de services, qui vont de l'aide ménagère traditionnelle à la garde d'enfants,du transport accompagné à l'initiation àl'informatique, du soutien scolaire à l'aide aux aidants familiaux. Elle s'adresse, comme sa communication le montre clairement, à des publics eux aussi diversifiés : les personnes fragilisées, mais aussi les familles où les parents rentrent plus tard que les enfants et toutes les personnes qui n'ont pas envie de consacrer leur week-end aux travaux domestiques. Clairement, l'enseigne veut se placer dans le train du développement attendu des services à la personne, « parce qu'il répond à des besoins sociaux de la population », mais avec des valeurs qui sont celles de l'économie sociale et de ses trois fondateurs :l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas),l'Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles (UNA) et la Mutualité française.
Concrètement, l'enseigne, qui ne compte encore qu'un salarié, son directeur, Christian Leborgne, et utilise un centre d'appel extérieur (« qui connaît bien le secteur social »), mobilise, bien sûr,les réseaux de ses trois fondateurs et leurs 2 500 structures d'aide à domicile. Chacune doit faire référencer les services qu'elle propose auprès d'un organisme extérieur. Le cahier des charges comporte 23 critères de qualité inspirés de la norme NF« services aux personnes à domicile »- rapidité, continuité, respect, suivi,évaluation, transparence des coûts... A ce jour,5 000 services sont référencés et beaucoup de dossiers sont à l'étude. L'UNA s'est donné pour objectif de parvenir au référencement de toutes ses structures avant la fin 2007.
Pour compléter son offre, l'enseigne est ouverte aux services proposés par d'autres intervenants,« en priorité ceux de l'économie sociale », qui répondraient aux mêmes exigences de qualité. « Des partenariats sont envisageables et envisagés », indique Florence Condamin, présidente du directoire.
Juridiquement, France Domicile est en effet une société anonyme simplifiée, chacun des trois partenaires ayant apporté un capital de 50 000 €.Pourquoi ce choix d'une SA ? « Ce n'est pas un paradoxe, mais un pari, pour marquer le projet entrepreneurial qui est le nôtre, répond Patrick Kanner,président du conseil de surveillance et président de l'Unccas. Nous voulions aussi impliquer les personnes morales des fondateurs, pas seulement des personnes physiques comme cela aurait été le cas pour une association. »
Pour son démarrage, France Domicile recevra, entre 2005 et 2007, une aide de 6,5 millions d'euros de l'Agence nationale des services à la personne, en échange d'un engagementà créer 20 000 emplois en trois ans.« Un accompagnement fort pour un projet fortement exemplaire », commente le directeur de l'agence,Bruno Arbouet. Ensuite, l'enseigne devra équilibrer son budget. « Tout va se jouer sur l'éthique et la qualité », assure Emmanuel Verny, directeur général de l'UNA. Une qualité qui passe avant tout par la professionnalisation des intervenants.« Le constat est partagé, assure Bruno Arbouet : la précarité - qui existe encore dans certaines structures de l'aide à domicile - est clairement un frein au développement. Elle nuit à la qualité du service rendu et à l'attractivitédu métier. Si on ne traite pas ce sujet, onéchouera. » D'où l'accent mis dans les trois réseaux sur la nature des contrats de travail - des contrat à durée indéterminée, de plus en plus souvent à temps plein ou à temps partiel choisi - et sur la formation professionnelle. « La branche de l'aide à domicile a fait grimper sa cotisation formation de 1,6 à 2,1 % et elle a envoyé l'an dernier 60 000 personnes en formation. C'est toute la différence avec le particulier employeur »,indique Emmanuel Verny, qui en appelle au « choix citoyen » des utilisateurs des services à la personne.
Dernier souci partagé : le coût final pour les familles (3) qui est, on le sait, diminuéde moitié par les déductions fiscales. Mais seulement pour les ménages imposables. « Un vrai problème. Nous sommes demandeurs d'un groupe de travail pour réfléchir, avec les pouvoirs publics, au moyen de permettre aussi aux exclus de bénéficier des servicesà la personne auxquels ils ont droit comme tout le monde », insiste Patrick Kanner.
(1) Voir ASH n° 2443 du 17-02-06.
(2) Tél. 0826 27 15 15 (0,15 € la minute), du lundi au samedi, de 8 heures à 20 heures.
(3) En mode prestataire, les services sont, selon leur nature, facturés entre 13 et 26 € de l'heure.