En attendant que les projets ministé- riels sur la prévention de la délinquance soient enfin dévoilés dans leur intégralité, les pistes annoncées par le garde des Sceaux pour lutter « contre le sentiment d'impunité » des mineurs (voir ce numéro) font monter la pression. Elles ne se situent « que dans le seul registre de la sanction quand il [aurait] fallu réfléchir avec d'autres ministres et le secteur associatif aux mesures à développer pour soustraire ces jeunes de la pente sur laquelle ils sont engagés », tempête Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny et de l'association Défense des enfants International-France. Le Syndicat national des personnels de l'éducation surveillée de la protection judiciaire de la jeunesse (SNPES) -PJJ-FSU, de son côté, a dénoncé des « mesures d'affichage purement électorales » et un « dévoiement de la mission historique de la PJJ ».
Son inquiétude est renforcée par la « circulaire mobilité » des personnels de la PJJ, qui propose les postes disponibles pour 2006 et l'a amené, avec le Syndicat national des psychologues, à appeler à la grève le 10 mai, date du début des commissions d'administration paritaire (CAP) de mobilité. Objectifs : « combattre le tout-carcéral » et défendre les missions de la protection judiciaire de la jeunesse. Les organisations expliquent en effet que la circulaire propose « 30 % des postes pour les centres éducatifs fermés et les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) », ces derniers devant ouvrir en 2007. « En conséquence, c'est bien l'offre éducative qui va être sacrifiée », redoutent-elles, évoquant le non-remplacement des personnels qui demanderont leur mutation en EPM et l'embauche de contrats précaires supplémentaires. « Les fermetures de foyers déjà organisées, en cours de discussion ou annoncées dans les prochains mois, affectent, elles aussi, la capacité de prise en charge de la PJJ », ajoutent-elles.
Les syndicats réclament en conséquence le maintien de cette capacité, qu'il n'y ait pas de fermeture de foyers éducatifs justifiée par l'état des locaux sans engagement de réouverture de services ayant les mêmes fonctions et le remplacement des départs enregistrés en CAP. Ils revendiquent également le maintien du dispositif de protection des jeunes majeurs, devenu « un véritable parcours du combattant où de plus en plus les directions départementales et régionales opposent un veto financier aux prises en charge demandées par les jeunes et les personnels éducatifs et avalisées par les juges », la restauration des crédits du secteur associatif habilité (1) et de ceux du Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles (Cnasea) consacrés à l'insertion professionnelle (2).
(1) Voir ASH n° 2428-2429 du 11-11-05 et n° 2435 du 23-12-05.
(2) Voir ASH n° 2447 du 17-03-06.