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« Les femmes-relais ont désormais leur cadre déontologique »

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Le centre de ressources sur la politique de la ville Profession Banlieue et la Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis rendaient public le 27 avril un cadre déontologique (1) pour cette fonction, dont ils réclament de longue date la reconnaissance officielle. Explications de Bénédicte Madelin, directrice de Profession Banlieue.
Qu'est-ce qui a motivé ce travail ?

Depuis que nous avons publié, en 1997, un référentiel-métier pour les femmes-relais (2), plusieurs journées d'étude ont révélé que les caractéristiques des femmes-relais, qui sont à la fois femmes, issues des quartiers et de la même origine que les usagers, ne pouvaient être aux yeux de leurs partenaires, notamment des travailleurs sociaux, constitutives d'un métier. Nous avons abordé cette question dans le cadre d'un programme européen sur les femmes-relais promotrices de l'intégration des migrants, qui a débouché sur cette conclusion : si l'origine de la médiatrice est utile pour les premiers contacts, c'est davantage son appartenance au même environnement social et culturel qui fait sens dans la relation à l'usager. Ce dernier, par ailleurs, lui fait totalement confiance dans sa capacité à travailler dans la confidentialité. Après la circulaire du 20 avril 2000 sur les adultes-relais, nous avons créé la Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-Denis, et avec l'Institut régional de travail social (IRTS) de Paris-Ile-de-France, nous avons poursuivi la démarche de professionnalisation de ces intervenantes, dans le cadre de la validation des acquis de l'expérience (VAE). Il nous est alors apparu de manière très forte qu'individuellement, elles étaient souvent confrontées à des demandes institutionnelles dépassant leur fonction : sollicitées par exemple par un commissariat sans que l'usager ait donné son accord, par un médecin pour annoncer une maladie grave, par une caisse d'assurance maladie qui en profite pour se décharger d'un dossier de CMU... Pour fixer des règles et des limites à leur intervention, il fallait construire un cadre déontologique opposable.

Comment ce cadre a-t-il été réalisé ?

Nous avons créé un groupe de travail des responsables d'associations et des médiatrices, animé par l'IRTS, qui s'est réuni pendant deux ans. La question du secret professionnel a été abordée avec des juristes et des représentants du travail social. Celui-ci n'étant juridiquement obligatoire que pour certaines professions et missions particulières, fallait-il plutôt opter pour le devoir de confidentialité ?A partir de leurs propres pratiques, les femmes-relais ont elles-mêmes choisi de s'engager dans le respect du secret professionnel, ce qui était aussi pour elles un gage du sérieux de leur démarche. Dans le cadre des états généraux du social, nous avons, avec Michèle Guillaume-Hofnung, médiatrice et professeure des facultés, réaffirmé les principes de la médiation : confidentialité, indépendance, absence de mandat institutionnel, libre consentement des intéressés et égalité entre les parties. La dimension interculturelle est également importante. La plupart des compétences professionnelles de la médiatrice sont issues de ses savoirs sociaux et culturels. Mais si elle travaille à partir de sa propre expérience de migration, elle doit aussi être capable de se mettre à distance. C'est pourquoi la formation est très importante. Nous avons en juin dernier présenté les 11 premières candidates à la VAE pour le titre professionnel de « technicien médiation service » (3), avec un résultat très positif, puisque 9 l'ont obtenu dans son intégralité. 30 nouvelles candidates seront présentées dans les prochaines semaines.

Aquelles autres difficultés les femmes-relais sont-elles confrontées ?

Elles sont quotidiennement confrontées à des situations complexes et délicates. Elles doivent en même temps lutter contre les tentatives d'instrumentalisation, qu'elles viennent de l'usager ou de l'institution. Instrumentalisation favorisée par la non-reconnaissance de leur métier, qui ne se limite pas à la médiation - elles travaillent également sur l'accès au droit -, et par la précarité du financement de leurs postes.

Que préconisez-vous pour la reconnaissance du métier ?

Il existe un référentiel-métier, une formation, une demande et désormais un cadre déontologique que nous allons diffuser aux associations. Ce n'est plus qu'une question de volonté politique ! La reconnaissance et la pérennisation des métiers de la médiation sociale figurent d'ailleurs parmi les fiches d'action retenues par le comité interministériel des villes du 9 mars.

Propos recueillis par Maryannick Le Bris

Notes

(1)   « Médiation sociale et culturelle : un métier, une déontologie » - Disp. à Profession Banlieue - 15, rue Catulienne - 93200 Saint-Denis - Tél. 01 48 09 26 36.

(2)  Voir ASH n° 2039 du 3-10-97

(3)  Ici préparé par l'IRTS, le titre, créé en juillet 2004 et de niveau IV, est dispensé par l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA).

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