Recevoir la newsletter

Hébergement d'urgence : l'Etat traque les économies potentielles

Article réservé aux abonnés

Le ministre délégué au budget et à la réforme de l'Etat, Jean-François Copé, a lancé le 13 avril une « troisième vague » d'audits de modernisation de l'Etat (1), nouvelle étape d'une démarche initiée en octobre afin d'identifier les diverses sources de gaspillage au sein de l'administration et d'amener les ministères à suivre les préconisations qui leur sont faites pour économiser l'argent public. A cette occasion, il a également présenté les conclusions de la « deuxième vague » d'audits. L'un d'entre eux, réalisé par les inspections générales de l'administration et des affaires sociales, porte sur « la procédure de prévision et de gestion des crédits d'hébergement d'urgence » (2).

Le constat dressé par les deux administrations est connu. Il montre une inadéquation entre l'offre du dispositif d'hébergement d'urgence et les besoins des publics auxquels il s'adresse. « Malgré l'augmentation sensible des capacités, les dispositifs sont saturés et fonctionnent à flux tendus. » « En amont, le développement de la précarité économique et de l'immigration [maintient] une pression continue de la demande » tandis qu'en aval, « l'absence de perspective pour les familles en situation irrégulière et la pénurie de logement social » font office de véritables « goulets d'étranglement ». En outre, « la majorité des personnes prises en charge ne relèvent pas d'une problématique de mise à l'abri temporaire » . Les « publics en situation de rupture récente » ayant effectivement un besoin ponctuel de mise à l'abri temporaire ne constitueraient que de 15 à 20 % de la population accueillie. Autre problème : « les crédits sont régulièrement sous-évalués et leur gestion est épineuse ».

A partir de ce diagnostic, les auteurs de l'audit formulent une quinzaine de recommandations. Ils préconisent notamment d'évaluer « de façon plus réaliste et complète » les crédits globalement nécessaires, « à la double lumière de leur évolution constatée et des marges d'économies mobilisables ». Ils suggèrent également de mettre en place un « dispositif renforcé de suivi et de pilotage des crédits » ou encore de « redéployer l'offre d'hébergement d'urgence et développer des solutions adaptées à chaque public » . Dans cette optique, ils proposent notamment de «  rationaliser le dispositif d'hébergement hôtelier , en créant une cellule régionale dans les régions concernées, chargée de négocier et de veiller à la qualité des prestations ». « Cette mesure pourrait aboutir à des gains de l'ordre de 10 à 30 % du coût actuel des nuitées d'hôtel selon les régions », assure le rapport.

Les auteurs de l'audit plaident encore pour la conservation en l'état d'un tiers des capacités du dispositif d'hébergement d'urgence de droit commun. « L'hébergement d'urgence doit également conserver sa fonction de sas d'attente et d'orientation pour l'ensemble des publics hébergés[...] et accueillir ponctuellement une minorité de grands exclus rejetant toute solution d'hébergement pérenne. » Autres recommandations : redéployer 10 % des capacités vers une prise en charge sanitaire et sociale spécialisée - afin de pouvoir prendre en charge les problématiques de soin des grands exclus malades ou vieillissants - et autoriser ponctuellement la transformation de places d'hébergement d'urgence en places pérennes, à coût constant et dans la limite de 20 %, à destination d'une partie des grands exclus et d'autres personnes nécessitant un accompagnement social.

Enfin, les auditeurs suggèrent de développer, pour les publics disposant de l'autonomie nécessaire, le recours à l'aide aux organismes logeant à titre temporaire des personnes défavorisées comme alternative aux structures d'hébergement d'urgence et d'insertion. « Une solution souple et peu onéreuse pour l'Etat », assurent-ils.

O.S.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2452 du 21-04-05.

(2)  Rapport sur la procédure de prévision et de gestion des crédits d'hébergement d'urgence - Christine d'Autume, Maryse Fourcade et Gilles Sanson - Inspection générale des affaires sociales n° 2006-038 et Inspection générale de l'administration n° PAM 06-004-01 - Avril 2006 - Disp. sur www.minefi.gouv.fr.

LE SOCIAL EN TEXTES

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur