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Quelle éducation face au radicalisme religieux ?

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Comment travailler avec des jeunes qui mettent en avant une référence religieuse radicale excluant toute possibilité de dialogue ? Dans le cadre d'une recherche-action organisée par le Centre national de formation et d'études de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), Dounia Bouzar, anthropologue, spécialiste de l'islam et ancienne éducatrice spécialisée à la PJJ, a constitué trois groupes de réflexion (dans la Seine-Saint-Denis, dans l'Essonne et dans le Nord-Pas-de-Calais) pour débattre de cette question. Composés, au total, d'une cinquantaine de professionnels (PJJ, Education nationale, Jeunesse et Sports, conseils généraux et associations), ces groupes ont étudié, avec l'apport de plusieurs chercheurs, la façon dont certains jeunes utilisent l'islam pour faire écran à la relation à l'adulte ou à l'institution. Comment des professionnels laïques peuvent-ils se positionner face à un adolescent qui refuse de s'adresser à une éducatrice parce que c'est une femme ou qui arrache une affiche du lycée, avançant que sa religion lui interdit de voir des silhouettes humaines ?

A la lecture des échanges autour de l'étude de cas précis que restitue l'ouvrage, il apparaît indispensable que les professionnels restent bien sur leur terrain, qui n'est pas celui de la théologie. Autrement dit, il ne s'agit pas de chercher à savoir ce que l'islam « dit ou ne dit pas », mais de se demander, avec ses grilles de lecture habituelles (place dans la famille, relations au père, à la mère et aux pairs, situation socio- économique, scolarité, etc.)  : « Pourquoi ce jeune a-t-il envie de dire que l'islam dit plutôt ceci ou cela ? » Ce déplacement permet à l'adulte de s'étonner : comment et pourquoi ce jeune en difficulté familiale, sociale, économique, culturelle, identitaire s'approprie et met en scène de cette façon telle ou telle référence religieuse ? Un étonnement qui renvoie l'intéressé à ses choix, explique Dounia Bouzar : « C'est lui qui choisit d'être ce type de musulman. C'est lui qui choisit de comprendre sa religion ainsi. »

Cependant, bousculer le jeune dans ses certitudes pour l'amener à élaborer une pensée personnelle implique de lui proposer des éléments de compréhension lui permettant de se situer dans son histoire et dans l'Histoire. Il s'agit de découvrir et d'analyser les particularismes qui sont liés à la religion, comme ceux qui résultent de la colonisation, de la transplantation de la famille, de l'exclusion, de la discrimination. D'où la nécessité d'organiser des formations appropriées afin que les professionnels puissent décrypter une demande implicite sans s'arrêter au niveau du symptôme - c'est-à-dire sans « culturaliser » ou « islamiser » le comportement ou la situation présentés -, mais sans non plus analyser toute exigence de type religieux en termes de problématique psychique et/ou sociale. Ce qui suppose, selon le contexte, de réussir à faire la part entre le « Texte » et le prétexte.

Quelle éducation face au radicalisme religieux ? - Dounia Bouzar - Ed. Dunod - 22 €.

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