Alors que le ministre délégué à la famille finalise son projet de loi sur la protection de l'enfance -qui devrait être présenté en conseil des ministres à la fin du mois -, une dernière contribution lui a été apportée, le 2 mars, par Marie-Thérèse Hermange, au travers d'un rapport intitulé « Périnatalité et parentalité », qu'il a favorablement accueilli (1). Relevant que l'un « des temps majeurs de la prévention de la maltraitance se situe au moment de la grossesse et autour de la naissance », Philippe Bas lui avait en effet demandé à l'automne dernier de lui faire des propositions sur ce thème.
Pour la sénatrice (UMP) de Paris, « il est important d'aller au-delà d'une approche strictement organique du temps de la maternité et de la mise au monde, et de compléter le suivi médical de la grossesse[...] pour mieux tenir compte de la dimension psychique de celle-ci ». Autrement dit, de mieux prendre en considération les risques induits par les troubles de l'attachement, « qui peuvent conduire à des carences relationnelles et avoir des conséquences ultérieures tant sur les parents que sur le devenir de l'enfant ». Pour ce faire, Marie-Thérèse Hermange insiste sur la nécessité de systématiser l'entretien du quatrième mois de grossesse, prévu par le plan « périnatalité » présentée en 2004 (2) mais non mis en œuvre partout. Elle préconise également de renforcer la collaboration entre les équipes de protection maternelle et infantile (PMI) et les structures hospitalière s, et si possible d'installer une structure départementale de PMI dans chaque maternité avec comme objectifs, notamment, de repérer les risques médico-sociaux, de soutenir les femmes en difficulté sociale ou psychologique ou qui ont des pratiques addictives, ou encore d'assurer à ces femmes le même accès aux soins quelle que soit leur couverture sociale.
Partant d'expériences de terrain et « toujours pour mieux accompagner celles et ceux qui sont fragilisés psychologiquement », l'élue de Paris suggère le développement de staffs de parentalité regroupant tous les acteurs -médecins, service social polyvalent, responsable de l'aide sociale à l'enfance... - dont l'objet est d'évaluer, dès le stade anténatal, les situations présentant des facteurs de risque et de proposer, éventuellement, une orientation et un soutien adapté aux intéressées. De même, elle propose d'accroître les consultations de tabacologie, d'addictologie et d'alcoologie dans les maternités, de créer des « maisons des bébés et des parents » dans chaque maternité, lieux d'accueil et d'accompagnement où les parents pourraient trouver conseils et réponses à leurs questions, ou encore d'augmenter le nombre d'unités mère-enfant qui permettent notamment de lutter contre les conséquences de la dépression post-partum.
Enfin, estimant qu' « après l'accouchement, la continuité du suivi des soins jusqu'au domicile apparaît souhaitable pour l'épanouissement des enfants et de leurs parents », le rapport prône la mise en place de réseaux de soins et d'un suivi à domicile faisant appel à des sages femmes ou à des infirmières puéricultrices, mais aussi à des travailleuses familiales, à des travailleurs sociaux ou encore à des femmes relais, en particulier pour les mères confrontées à des obstacles linguistiques. L'objectif étant d'assurer la continuité des soins hors de l'hôpital et de repérer les problèmes médico-sociaux avant qu'ils ne dégénèrent.
(1) Rapport disponible sur
(2) Voir ASH n° 2381 du 12-11-04.