Placer l'usager au centre du dispositif : cette phrase peut résonner comme un slogan plus ou moins incantatoire. Le propos de cet ouvrage est de lui donner les moyens de s'incarner concrètement. Il ne s'agit donc pas d'une « énième » exégèse de la loi 2002-2, mais d'un vade-mecum nourri d'exemples détaillés, susceptible d'aider les acteurs du secteur à élaborer les différents outils rendus obligatoires par le texte - livret d'accueil, contrat de séjour, etc. -, soit aussi et avant tout à en interroger le sens. Comment concilier, par exemple, la liberté des personnes et leur protection ? Le respect de leur intimité et les contraintes de la vie collective ? Le droit à l'information et à la participation, et les limites de compréhension et d'expression que peut rencontrer l'usager ? Ces questions ne sont pas nouvelles, fait observer Claude Volkmar, directeur du CREAI Rhône-Alpes. Il s'agit de paradoxes qui se trouvent au cœur de toute relation sociale ou médico-sociale, et ils ne doivent pas inquiéter outre mesure les professionnels, explique-t-il. Mais ces derniers ont à renouveler la façon de les appréhender pour associer les intéressés à leur résolution. Autant dire que cela revient à mettre en débat toutes les « petites choses » du quotidien érigées en habitudes non rediscutées -tutoiement, accès au corps et à la chambre personnelle, habits à acheter, cheveux à faire couper... Le droit est un grand et beau mot. Surtout quand, ancré dans l'ordinaire des pratiques, il ne reste pas lettre morte. Tel est le défi que relèvent les auteurs de cet ouvrage : donner à penser les conditions matérielles de la « bientraitance ».
La loi de rénovation de l'action sociale au quotidien - CREAI Rhône-Alpes, sous la direction d'Audrey Viard - Ed. L'Harmattan - 19,50 €.