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La Belgique en voie de bouleverser le paysage de la formation d'éducateur ?

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Un projet qui se dessine en Belgique pourrait être un élément perturbateur de plus pour les établissements de formations sociales. Sur proposition de la ministre de l'Enseignement supérieur, le gouvernement de la communauté française de Belgique a adopté en première lecture, le 3 février, un avant-projet de décret qui vise à limiter le nombre « anormalement élevé » d'étudiants non-résidents dans certaines filières sanitaires et sociales, au premier rang desquelles les formations de vétérinaire et de kinésithérapeute, mais aussi d'éducateur spécialisé. En 2006-2007, les hautes écoles et les universités devraient ramener à 30 % la proportion de leurs étudiants non belges inscrits en première année.

La nouvelle n'augure rien de bon pour tous les candidats aux formations d'éducateur spécialisé - pas seulement du nord de la France - qui, chaque année, considèrent la voie belge comme un moyen de contourner le manque de places et les épreuves de sélection dans les établissements de formation français. « A l'école de Mons, les trois quarts des 300 élèves éducateurs sont français, explique Gilles Van Aertryck, directeur du centre d'entraînement aux professions éducatives et sociales d'Aubervilliers, qui a mis en place une session commune avec cette école wallonne. Ce qui représente un relatif abus, puisqu'une partie de nos éducateurs sont formés aux frais de l'Etat belge, pendant que nous envoyons, faute de place, nos enfants handicapés dans des établissements de Belgique ! »

Reste que la réduction de cette « filière » ne va pas sans poser problème en France. Elle augmentera d'autant la pénurie de professionnels, loin d'être encore résolue par la validation des acquis de l'expérience. Les régions, qui préparent leurs schémas de formation, accepteront-elles d'augmenter d'autant l'enveloppe financière accordée aux établissements ? « Les conseils régionaux devront faire des choix sur les capacités d'accueil, le volume des effectifs d'étudiants par niveau de formation et l'ouverture de la formation à de nouveaux opérateurs, comme les lycées professionnels », commente Gilles Van Aertryck. Les étudiants, eux, devraient avoir plus de mal à recourir à la mobilité interrégionale pour trouver un établissement d'accueil : « Malgré la loi de décentralisation qui n'impose pas de critère de résidence, les régions aimeraient contingenter les effectifs et instaurer un système de convention spécifique pour pouvoir accueillir un étudiant qui n'est pas de leur ressort », ajoute-t-il.

Côté belge, le projet du gouvernement entraîne déjà un flot de réactions. « Les communes craignent que le départ d'étudiants étrangers n'entraîne une perte de ressources pour l'économie locale et les écoles redoutent des réductions de postes de formateurs, explique Jean Brichaux, psychologue et formateur belge. Le problème se pose surtout pour les établissements transfrontaliers : à Tournai, cette décision reviendrait à réduire de 180 étudiants (sur 400) la promotion d'éducateurs spécialisés de l'an prochain. » Pour toutes ces raisons, et parce que la Cour de justice des Communautés européennes pourrait invoquer le principe de libre circulation des étudiants pour s'opposer au décret, le débat est loin d'être clos. Mais le gouvernement de la communauté française de Belgique a de solides arguments : la nouvelle réglementation serait selon lui « nécessaire » pour sauvegarder la qualité de son enseignement, et « proportionnée » puisqu'elle n'interdirait pas totalement l'accès des étrangers aux formations. Au terme des débats, il n'est pas exclu que le quota de 30 % prévu soit revu à la hausse.

M. LB.

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