Alors que le gouvernement prépare plusieurs lois sur la prévention de la délinquance (1), qui pourraient mettre l'accent sur la détection précoce des troubles comportementaux chez l'enfant, un collectif de médecins de PMI et de santé publique, de psychologues, de psychiatres et de psychanalystes lance un appel (2) afin de dénoncer le récent rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) (3).
Préconisant lui aussi le dépistage du « trouble des conduites » dès le plus jeune âge, celui-ci incite à repérer les facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux et liés à la personnalité, et à soumettre les enfants dépistés à une série de tests.
« L'application de ces recommandations n'engendrera-t-elle pas un formatage des comportements des enfants, n'induira-t-elle pas une forme de toxicomanie infantile, sans parler de l'encombrement des structures de soins chargées de traiter toutes les sociopathies ? », s'interroge le collectif, qui invite au contraire à « reconnaître la souffrance psychique de certains enfants à travers leur subjectivité naissante ». Les signataires s'élèvent donc contre les risques de dérive des pratiques de soins, notamment psychiques, « vers des fins normatives et de contrôle social ». S'engageant à préserver, dans leurs pratiques professionnelles, la pluralité des approches et à prendre en compte la singularité des enfants, ils appellent à « un débat démocratique sur la prévention, la protection et les soins prodigués aux enfants » (voir également la tribune de Laurent Ott, ce numéro).
(1) Voir ASH n° 2440 du 27-01-06
(2) Intitulé « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans » - Contact :
(3) Voir ASH n° 2423 du 30-09-05 - Voir aussi notre débat dans ASH Magazine de janvier-février 2006.