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« La loi contre les exclusions ne doit pas servir d'alibi »

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Tous les présidents des associations membres d'Alerte (1) se sont réunis le 31 janvier - la première fois depuis 1995-, pour s'engager dans la refondation du collectif. Explications de Gilbert Lagouanelle, directeur de l'action institutionnelle au Secours catholique, vice-président de l'Uniopss dont il préside la commission « lutte contre la pauvreté et l'exclusion » depuis le 1er février.
Pourquoi cet acte de refondation ?

En signant un appel commun avec les partenaires sociaux le 26 mai dernier au Conseil économique et social (CES) (2), Alerte a franchi une première étape dans l'ouverture de la mobilisation contre l'exclusion sociale aux acteurs du système économique, démarche à laquelle nous avons associé des personnes défavorisées. Nous avons formalisé cet acte le 31 janvier, jour du passage de pouvoirs entre Marie-Thérèse Join-Lambert, qui a largement porté ces travaux, et moi-même, en demandant aux présidents de signer symboliquement l'appel du 26 mai et de se réengager dans le collectif ainsi refondé. Cinq organisations sur les 40 ont choisi de quitter Alerte, soit parce que leur objet n'est plus adapté (3), soit pour des raisons de statut, comme la Fédération des centres sociaux, désormais mouvement d'éducation populaire, ou en invoquant des arguments de fond. C'est le cas du Secours populaire (4).

Avez-vous modifié votre mode de fonctionnement ?

Nous avions ressenti le besoin de mieux structurer le réseau par des règles claires : les nouveaux membres devront être membres de l'Uniopss et chaque organisation devra participer aux frais de gestion du collectif. Cette structuration passe par l'adoption de trois chartes, l'une sur le fonctionnement à l'échelle nationale, une autre sur le fonctionnement des collectifs locaux - au nombre de 27 dans 13 régions -, qui se réuniront à leur tour pour signer l'acte de refondation le 21 mars, et une troisième sur l'utilisation de la marque Alerte, que nous venons de redéposer.

Où en est le travail avec les partenaires sociaux ?

Nous avons engagé un chantier sur l'accès aux droits sociaux avec les organisations syndicales gestionnaires des caisses de sécurité sociale. Nous avons déjà vu la CGT sur ce point. Nous rencontrons cette semaine Laurence Parisot, présidente du Medef, qui a publiquement exprimé en septembre, devant le Premier ministre, son engagement dans la lutte contre l'exclusion. Cette première rencontre officielle est l'occasion d'aborder les sujets de l'accès à l'emploi, de la formation, de l'indemnisation du chômage. Le collectif souhaite engager avec les partenaires sociaux un dialogue sur les contrats aidés. La question, en effet, n'est pas simple :comment créer des dispositifs de transition sans fragiliser l'emploi ? Les signataires de l'appel du 26 mai, ainsi que l'UNSA, qui a paraphé l'appel en janvier dernier, ont par ailleurs prévu une journée anniversaire en mai au CES, afin de faire le bilan de cet engagement commun.

Qu'attendez-vous de la conférence nationale de lutte contre l'exclusion prévue pour avril ?

Lors des rencontres prévues dans cinq régions d'ici au 8 avril, les acteurs échangeront sur un thème précis, à partir d'une expérience positive. Les propositions qui en résulteront serviront de matière à la conférence, de même que les rapports des deux groupes de travail préparatoires. Je peux m'exprimer à double titre, étant le rapporteur du groupe sur « la prévention pour mieux lutter contre l'exclusion ». Le document, qui fait l'objet de 54 propositions, vise à faire passer ce message : notre pays devrait se doter d'une véritable culture de la prévention, qui devrait irriguer tous les champs politiques. Le deuxième volet de propositions porte sur la vigilance à mobiliser sur tous les temps de vie qui sont des moments de transition. L'objectif est de proposer des pistes, que le comité interministériel de lutte contre l'exclusion devrait reprendre à son compte. Alerte, pour sa part, souhaite que l'annualisation de la conférence soit inscrite dans un texte législatif, comme pour la conférence de la famille. L'objet du collectif est toujours de veiller à l'application de l'article 1 de la loi du 29 juillet 1998, qui garantit l'accès de tous aux droits fondamentaux. Mais l'environnement s'est durci. Peut-on aujourd'hui continuer à renforcer la précarité, exclure des personnes de leurs droits ? Un exemple, outre celui du traitement du chômage : 75 % des 1,6 million de bénéficiaires potentiels du tarif social électricité n'y ont pas accès. La loi du 29 juillet 1998 ne doit pas être un alibi pour ne pas agir.

Propos recueillis par Maryannick Le Bris

Notes

(1)  C/o Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75541 Paris cedex 11 - Tél. 01 53 36 35 00.

(2)  Voir ASH n° 2410 du 3-06-05.

(3)  L'Association nationale de prévention de l'alcoolisme, l'Adessa, la Fédération des associations de veuves civiles. La Fédération relais, par ailleurs, n'existe plus.

(4)  Interrogé par les ASH, le Secours populaire indique qu'il souhaite davantage s'investir dans l'action de terrain plutôt que dans une prise de parole politique qui parfois « dépasse ce qu'il est en capacité de décréter ».

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