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L'alternance et la découverte de l'entreprise, le chaînon manquant entre scolarisation et insertion professionnelle ?

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« A quoi servent les pédagogies adaptées, les efforts autour de l'élève handicapé, s'ils ne débouchent pas, par la suite, sur une insertion professionnelle à la hauteur des compétences du jeune adulte ? » La remarque du député (UDF) du Gard, Yvan Lachaud, sonne comme un avertissement. Tirée d'un rapport qui devait être remis le 9 février au ministre de l'Education nationale et au ministre délégué aux personnes handicapées (1), elle rend compte d'une réalité assez largement partagée : le parcours qui va de l'école à l'entreprise « n'est pas encore balisé », alors que la scolarisation dans le primaire et le secondaire « possède ses filières, ses repères et ses structures propres ». Aussi, selon l'auteur, l'Education nationale et ses partenaires, après s'être fixé comme objectif de scolariser un maximum de jeunes handicapés (2), doivent aujourd'hui « se préoccuper davantage de la sortie des jeunes de ce dispositif ».

Yvan Lachaud formule « six propositions pour faire changer les choses » à partir des difficultés récurrentes que rencontrent les jeunes handicapés dans leur parcours vers l'intégration professionnelle. Sachant que la réflexion menée porte essentiellement sur l'insertion professionnelle de ces publics en milieu ordinaire de travail. Avec un parti pris :privilégier leur entrée dans l'entreprise par la voie de l'alternance.

Un bilan encourageant mais encore insuffisant

Si la situation de l'emploi des personnes handicapées s'est certes « grandement améliorée depuis 15 ans », elle reste toutefois « insatisfaisante », note Yvan Lachaud. Globalement, les dispositifs pour favoriser l'insertion professionnelle des jeunes handicapés sont « à la fois mal connus et mal organisés », estime-t-il. Nombreux mais éclatés, et par conséquent « pas utilisés », ils ne jouent qu'imparfaitement leur rôle, à savoir « former un adulte intégré ».

Le rapport estime par ailleurs nécessaire, d'une manière générale, d'aborder la question de l'insertion professionnelle de ces publics « dans une logique de parcours et dans un processus évolutif ». En effet, les jeunes handicapés ont besoin, plus que les autres, de temps « pour comprendre et se connaître, pour avancer et aboutir à une insertion réussie ».

Favoriser le rapprochement école-entreprise

Des solutions existent toutefois, à même de répondre à leurs difficultés (parcours scolaire chaotique, faible niveau de formation...) et à leurs besoins. La première d'entre elles : donner à chaque jeune handicapé une orientation validée par une mise en situation professionnelle (en particulier un parcours en entreprise). Par ailleurs, il s'agit de favoriser l'entrée des jeunes handicapés dans l'entreprise par la voie de l'alternance, « la plus sûre pour [leur] permettre de décrocher un emploi, mais aussi pour surmonter les réticences des entreprises » à les recruter. Si elle venait à être explorée, cette piste supposerait, notamment, d'assouplir les dispositions relatives aux contrats d'apprentissage ou de professionnalisation pour permettre à l'ensemble des jeunes handicapés d'y prétendre. Surtout, cela impliquerait l'élaboration d'un statut spécifique de « jeune travailleur handicapé », dès 16 ans, afin de permettre à l'entreprise de valoriser cet accueil dans le cadre de l'obligation d'emploi des personnes handicapées. Dans le même ordre d'idée, le rapport préconise aussi de développer et valoriser les stages en entreprise pour ces publics.

Autre recommandation : systématiser, dans chaque entreprise accueillant des jeunes handicapés - qu'ils soient encore scolarisés ou déjà salariés de l'entreprise -, le recours à un tuteur, salarié de l'entreprise formé pour les accompagner. Avec cette présence, les chances d'insertion réussie du jeune seraient « considérablement accrues », estime en effet le député du Gard.

Une autre avancée consisterait à créer, dans les maisons départementales des personnes handicapées, un « guichet unique » (interlocuteur référent) pour les entreprises de manière à leur faciliter l'emploi de jeunes handicapés. Les procédures pour les entreprises seraient ainsi simplifiées. Et une approche coordonnée des différents acteurs en charge de l'insertion professionnelle du jeune ne pourrait qu'accroître l'efficacité de son parcours.

Au-delà, Yvan Lachaud plaide pour que toutes les actions menées par une entreprise pour favoriser l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés soient valorisées au titre de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés. Et propose qu'un label « Solidaire handicap » soit décerné par la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité afin de récompenser les entreprises qui organisent l'accueil et l'accompagnement de ces publics.

T.R.

Notes

(1)  Favoriser l'insertion professionnelle des jeunes handicapés - Document commandé en mars 2005 par Marie-Anne Montchamp, alors secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, prochainement disponible sur www.handicap.gouv.fr.

(2)  Objectif inscrit dans la loi pour l'égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005 - Voir ASH n° 2413 du 24-06-05.

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