Sida info service explique que c'est un « bilan mitigé après quatre ans d'activité » qui l'a amené, en accord avec l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) - son financeur -, à fermer en janvier son service téléphonique destiné aux étrangers ne maîtrisant pas le français. Selon le directeur du numéro vert, Yves Ferrarini, 1 500 appelants évoquent spontanément chaque année une origine étrangère. La plupart, ajoute-t-il, « s'expriment très bien en langue française », 80 personnes seulement, en 2005, ayant sollicité une réponse en arabe, en anglais, en bambara, en espagnol ou en russe. Mais Sida info service a surtout identifié plusieurs incohérences qui ont limité l'efficacité du service en langues étrangères : faute de numéros spécifiques, les appelants étaient obligés de passer par un pré-accueil en français, les langues proposées ne répondaient pas aux besoins réels et les moyens développés pour répondre aux objectifs n'étaient pas suffisants.
Pour autant, la direction, qui s'affirme « soucieuse de répondre de manière adaptée et optimale aux publics migrants », indique qu'elle étudiera en 2006, à partir d'une « enquête auprès des publics cibles », « toutes les modalités de mise en place d'une ligne spécifique qui associera proximité culturelle et réponses en langues étrangères ».
Ce travail sera-t-il mené avec les associations représentant les populations étrangères concernées par le VIH ? C'est en tout cas le vœu du Comité des familles pour survivre au sida, qui a demandé à être reçu par Sida info service et l'INPES pour leur faire part de ses préoccupations et élaborer « ensemble de nouvelles approches de prévention ». Le comité rappelle que, Sida info service ayant tardé, malgré ses sollicitations, à couvrir les besoins (1), le collectif Migrants contre le sida avait ouvert en 2000 sa propre permanence téléphonique, Sida info immigré, sans soutien des pouvoirs publics. Si Sida info service a fini par consulter Migrants contre le sida pour ouvrir son service en langues étrangères en 2001, la direction a très vite « écarté [le collectif] de toute participation ou de droit de regard dans la gestion et le développement de ce service, alors qu'il réclamait la participation des personnes concernées à la gestion et à l'évaluation de la ligne téléphonique », affirme le Comité des familles pour survivre au sida.
Reda Sadki, son président, estime pour sa part que la pertinence de l'outil à créer n'est pas tant liée aux moyens qu'à leur bonne utilisation. « L'expérience de Sida info immigré montre que nous avons su organiser les réponses en plusieurs langues et reçu bien plus que 80 appels. Ce qui manquait à Sida info service, c'est l'articulation entre un dispositif de type institutionnel et les actions de terrain. »
(1) Voir ASH n° 2168 du 26 -05-00.