L'entrée en vigueur de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), le 1er janvier 2002, a-t-elle modifié le comportement de l'entourage des personnes âgées en perte d'autonomie vivant à domicile ? L'aide apportée par les professionnels s'est-elle substituée à celle des proches ? Non, pour l'essentiel, les deux types de contribution se complètent. Telle est la conclusion d'une en-quête déjà ancienne (réalisée au premier semestre 2003) dont rend compte la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) (1).
L'intervention de l'APA a fait passer la proportion des personnes qui se font aider par un professionnel de 65 % à 93 %. Parmi ces dernières, 25 % sont aidées seulement par lui. 75 % des bénéficiaires de l'allocation sont aidés par au moins un proche, dont 7 % seulement par lui. Les bénéficiaires déclarent être aidés, quand l'entourage intervient seul, en moyenne 5 h 10 par jour et 1 h 50 quand un professionnel intervient seul. En cas d'aide mixte, ces durées s'établissent à 4 h 10 et 1 h 40 par jour.
Trois constats sans surprise : les personnes qui vivent seules déclarent être près de deux fois moins aidées que celles qui vivent en couple ou en famille. Parmi les proches, ce sont les conjoints qui interviennent le plus, devant les enfants. Dans tous les cas, l'aide est apportée aux deux tiers par des femmes (épouse, fille, belle-fille...).
En cas d'aide mixte, l'intervention des professionnels se concentre sur le mé-nage et la vaisselle (dans 87 % des cas), la toilette (69 %) et l'habillage (56 %). L'intervention de l'entourage est plus diffuse : il aide à faire les courses (85 %), à gérer le budget et à faire des démarches administratives (75 %), à surveiller ou à assurer une présence (68 %), à préparer les repas (57 %), à s'occuper de sa santé (48 %), à sortir (37 %)... En cas d'aide unique des professionnels, les priorités sont les mêmes, mais il faut y ajouter les courses (y compris pour l'achat des médicaments). « L'enquête fait ressortir une forte stabilité de l'aide des proches, conclut l'étude. L'APA a entraîné une plus forte mobilisation des professionnels sans pour autant avoir réduit l'aide dispensée par l'entourage [...]. Il semble exister un transfert qui aboutit plus à une superposition et à une complémentarité qu'à une substitution. »
A signaler, deux autres études menées en 2004, l'une sur les plans d'aide auprès de 40 personnes âgées dépendantes (2), l'autre sur les services d'aide à domicile, avec des entretiens réalisés avec leurs responsables dans quatre départements (3). Difficile d'en tirer des conclusions générales si ce n'est la grande diversité des situations. Ces travaux soulignent les difficultés bien connues du secteur : décalage des tarifs uniques par rapport aux coûts des interventions, problèmes de recrutement et de formation, appréciations parfois peu flatteuses du métier, y compris parmi ses pratiquants, statut fragile des personnels encore majoritairement payés à l'heure, éparpillement de l'offre dans certains départements...
Notons aussi que les services d'aide à domicile jouent un grand rôle dans l'organisation des plans d'aide, ne serait-ce que par leur capacité d'offre, ou encore, quand c'est le cas, par la qualité de leurs relations avec les personnes chargées d'identifier les besoins, auxquelles ils peuvent utilement apporter leur expertise.
(1) « Les effets de l'allocation personnalisée d'autonomie sur l'aide dispensée aux personnes âgées » - Etudes et résultats n° 459 - Janvier 2006 - Disponible sur
(2) « Les plans d'aide associés à l'allocation personnalisée d'autonomie - Le point de vue des bénéficiaires et de leurs aidants » - Etudes et résultats n° 461 - Janvier 2006 - Dispisponible sur
(3) « Les services d'aide à domicile dans le contexte de l'allocation personnalisée d'autonomie » - Etudes et résultats n° 460 - Janvier 2006 - Disponible sur