Toutes les personnes sans abri ou vivant en habitat mobile (caravanes, péniches...) devaient être recensées les 19 et 20 janvier 2006. Trois syndicats de l'INSEE - CGT, CFDT et SUD, qui représentent les deux tiers des salariés (1) - s'inquiètent des conditions dans lesquelles cette opération, renouvelée tous les cinq ans, a eu lieu, notamment pour les Roms et les gens du voyage.
En 1999, l'INSEE avait envoyé sur le terrain soit ses propres agents, soit des personnes embauchées spécifiquement pour la circonstance, avec un seul objectif : « la collecte loyale du recensement ». Cette fois, les agents recenseurs étaient des personnels communaux ou habilités par les communes. Sachant les fortes tensions qui existent entre de nombreux maires et les personnes en caravanes, les syndicats avaient, dès la préparation de l'enquête en 2002, préconisé l'emploi de personnels de l'institut. Sans succès, les raisons financières ayant prévalu, déplorent-ils.
Le contexte particulier du recensement de ce début d'année, après la décision du Parlement de créer une forme spécifique de taxe d'habitation sur les caravanes (2), ne pouvait qu'aviver leurs craintes. Il faut des « conditions de confiance » pour obtenir des résultats corrects, rappellent les syndicats. Or, comment espérer instaurer la confiance quand, faute d'aires d'accueil, les personnes sont en stationnement illégal et menacées d'expulsion par la commune ? Quand, en outre, l'agent non statisticien habilité peut être considéré par les gens du voyage comme « chargé de recenser les caravanes à taxer » ? Une situation « dommageable pour les personnes et pour la qualité du recensement », dont les résultats seront surveillés attentivement par les syndicats dans les prochains mois.
(1) C/o CGT INSEE : Bureau 403 - 18, boulevard Adolphe-Pinard - 75675 Paris cedex 14 - Tél. 01 41 17 58 91.
(2) Voir ASH n° 2434 du 16-12-05.