Pourquoi les constats et les préconisations se suivent-ils sans aboutir à des réponses durables et adaptées aux besoins ? La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) (1), qui juge que « le gouvernement continue à sous-estimer les difficultés rencontrées par les acteurs sociaux et leurs conséquences concrètes pour les personnes les plus démunies », veut sortir du statu quo en lançant ses propres « états généraux » de l'accueil, de l'hébergement et de l'insertion des personnes en difficulté. Elle avait sollicité le gouvernement en 2005 pour organiser conjointement la démarche (2), mais en vain.
Une première phase, qui devrait s'achever en avril 2006, permettra aux associations du réseau, dans chaque région, d'émettre des constats et des propositions sur les réponses et les besoins non couverts en matière de logement, d'emploi, et à l'égard de publics spécifiques comme les étrangers et les travailleurs pauvres. Puis la consultation sera ouverte à l'ensemble des associations du secteur social, aux partenaires sociaux et aux élus, jusqu'en novembre. L'objectif est d'aboutir à un « livre des états généraux », qui devrait être présenté lors du congrès de la FNARS, les 16 et 17 novembre prochains, événement anniversaire des 50 ans de l'association. Un peu comme le collectif Alerte l'avait fait pour les élections de 1995, la FNARS espère susciter des débats avec les candidats aux élections présidentielles de 2007.
« Tout le monde est d'accord pour dire que la lutte contre l'exclusion est une priorité, mais nous voulons donner du contenu aux engagements un peu vides de sens », explique Nicole Maestracci, présidente de la FNARS. L'association souhaite amener les pouvoirs publics à sortir des incantations et des solutions trouvées dans l'urgence. « Que signifie l'annonce de 50 millions d'euros pour la rénovation des centres d'hébergement, que l'on n'a pas encore vus arriver, alors qu'on nous refuse 6 millions d'euros pour le financement des centres d'hébergement d'urgence et de réinsertion sociale ? » (3), s'interroge la présidente de la FNARS.
Une date concorde par ailleurs avec le calendrier des états généraux de la FNARS : la Conférence nationale de lutte contre l'exclusion, prévue pour le mois d'avril. Seules six régions ont finalement été retenues pour l'organisation des débats locaux préparatoires. La FNARS entend enrichir la réflexion. « Normalement, le comité interministériel de lutte contre l'exclusion est l'occasion de dresser un bilan de l'application de la loi de 1998. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », remarque Nicole Maestracci.
(1) FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.
(2) Voir ASH n° 2413 du 24-06-05.
(3) Un rapport des inspections générales des affaires sociales et des finances a estimé à 12 millions d'euros le rebasage nécessaire pour les CHRS (voir ASH n° 2396 du 25-02-05). Le budget 2006 ne prévoit que 6 millions d'euros.