Les statistiques rendues publiques le 12 janvier par le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin, et son homologue de la gendarmerie nationale, Guy Parayre, montrent que la baisse de la délinquance observée en 2003 (- 3,4 %) et 2004 (- 3,8 %) s'est poursuivie en 2005 avec un recul de 1,3 %, dans des proportions par conséquent nettement moins importantes que lors des deux années précédentes. De là à conclure à un bilan en demi-teinte, il n'y a qu'un pas que le ministre de l'Intérieur, lors de ses vœux à la presse le même jour (voir ce numéro), a refusé de franchir, préférant mettre en avant la hausse du taux d'élucidation des affaires, passé de 26,3% en 2002 à 33,2 % en 2005.
A regarder de plus près les statistiques de la Place Beauvau sur les différentes formes de délinquance, on constate que la délinquance de voie publique - qui regroupe les crimes et délits d'appropriation crapuleuse les plus significatifs (1) - confirme sa tendance à la baisse avec 1 838 000 faits en 2005 contre 1 930 000 l'année précédente (- 4,7 %) et ce, malgré une augmentation des vols avec violence (+ 5,3 %) ainsi que des destructions et dégradations (+ 2,7 %).
Les violences urbaines ont évidemment pesé lourd en 2005. Mais bien avant la flambée de violence dans les banlieues, une recrudescence des violences contre les personnes - qui ont représenté 10,9 % du total des faits constatés en 2005 - avait pu être relevée. Au total, 19 500 faits de plus ont été enregistrés, soit une augmentation de 5%. Tous les types de violences ont progressé, à l'exception notable des violences sexuelles : violences physiques non crapuleuses (+ 7,8 %) et crapuleuses (+ 4,1 %), menaces de violences (+ 4,6 %). Mais, souligne le ministère, avec 56,8 %, « le taux d'élucidation en ce qui concerne ces violences reste, comme l'année dernière, à un niveau très élevé ».
Autre fait notable : les nouvelles infractions créées par la loi pour la sécurité intérieure du 18 mars 2003 (2) ont globalement baissé de 2,9 %. Le ministère livre des données plus précises sur quelques infractions spécifiques. Ainsi, les demandes de fonds sous la contrainte sur la voie publique ont nettement reculé (-39 %), tout comme les infractions de « racolage » (- 15,9 %) ou les regroupements illicites dans les halls ou sur les toits des immeubles (- 12,8 %). Le délit d'installation sur un terrain sans titre et en réunion a en revanche connu une hausse importante (+ 21,2%).
« Les résultats de la lutte contre l'immigration sont en progression générale en 2005 », ont par ailleurs souligné les représentants des forces de l'ordre. Ainsi, 73 000 étrangers en situation irrégulière ont été « détectés » et 11 300 porteurs de faux documents ont été « décelés ». A l'arrivée, 19 800 étrangers ont été effectivement éloignés de métropole. Un chiffre élevé, dans la mesure où il marque une augmentation de 26,7 %... mais qui reste en deçà de la barre des 23 000, objectif fixé aux préfets en juin dernier par Nicolas Sarkozy. Pour autant, Place Beauvau, la satisfaction est de mise. Le ministère souligne en effet que pour le mois de décembre 2005, la tendance à la hausse s'est confirmée avec 1 920 clandestins éloignés. Un chiffre qui traduit une progression de 33 % par rapport aux mesures d'éloignement du mois de décembre 2004 et représente « le bilan mensuel le plus élevé jamais enregistré ». « Il correspond à un rythme de progression de 23 000 éloignements par an. » Les principaux pays d'origine vers lesquels les étrangers ont été reconduits à la frontière l'an dernier ont été la Roumanie (3 800), l'Algérie (3 400), le Maroc (2 050), la Turquie (1 900) et la Bulgarie (800).
Autres chiffres significatifs : la police aux frontières s'est opposée à l'entrée de 36 000 personnes, interceptées lors de leur passage à la frontière et refoulées (+ 3,5 % par rapport à 2004). De plus, 2 600 « aidants à l'immigration » ont été « neutralisés » (+ 38,4 %) et 1 700 employeurs faisant illicitement travailler plus de 3 000 salariés ont été interpellés.
(1) Vols à main armée, vols avec violence, cambriolages, vols à la tire, vols d'automobiles, vols à la roulotte, vols de deux-roues, destructions et dégradations.
(2) Voir ASH n° 2303 du 21-03-03.