Lors de l'ouverture du diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé (DEES) à la validation des acquis de l'expérience (VAE), beaucoup s'étaient inquiétés des risques de déqualification du diplôme liés à l'insuffisante préparation des jurys. Tant il est vrai que certifier les parcours de formation n'est pas la même chose que d'apprécier, lors d'un entretien, les compétences acquises pour le diplôme (1). Or les résultats des premiers passages devant les jurys semblent, selon l'Association française des organismes de formation et de recherche en travail social (Aforts) (2), confirmer les craintes initiales. L'organisation relève notamment, lors des sessions d'avril 2005, « l'insuffisance de formation des jurys en Ile-de-France, en Haute-Normandie, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur » et des « pratiques en inadéquation » avec les recommandations de la circulaire du 7 juillet 2004 sur les modalités de la mise en œuvre de la VAE pour l'accès au DEES (3). « Plus récemment, dans la région Centre, le dispositif académique de validation des acquis de l'expérience a annulé, pour des raisons financières et au dernier moment, deux journées de formation des jurys, disqualifiant ainsi un travail partenarial de plusieurs mois entre les centres de formation et les représentants des ministères concernés », relate l'Aforts, rappelant que la formation des jurys « a été unanimement reconnue comme une des conditions incontournables et un gage du bon déroulement et de la réussite du dispositif de la VAE ».
La VAE soulève donc avec une nouvelle acuité la question de la préparation des jurys, qui se posait déjà lors des épreuves d'examen classiques. L'Aforts se dit ainsi « extrêmement préoccupée par les conditions et les modalités de la certification du diplôme d'éducateur spécialisé, quelle que soit la voie d'accès au diplôme, dans plusieurs académies de la métropole ». Elle relève ainsi en 2005 des manquements dans le déroulement des épreuves d'examen du DEES tant dans l'organisation des épreuves que dans les pratiques des jurys. « Dans de nombreux cas, ni les présidences des jurys (Education nationale), ni les vice-présidences (DRASS) n'ont été garantes de la conformité avec les textes, voire de conditions équitables faites aux postulants. » Et de noter, à titre d'exemple, une impréparation dans les académies de Rouen et d'Orléans-Tours, et des anomalies de fonctionnement des jurys dans les académies de Toulouse, de Lyon et de Grenoble. « Dans plusieurs situations, les centres de formation se retrouvent en première ligne pour pallier le manque d'information de membres de jurys novices ou intervenir lorsque les dérives sont observées. »
« Sur quels critères peut-on juger de la qualification des jurys ? », s'interroge Maryse Chaix, sous-directrice de l'animation territoriale et du travail social à la direction générale de l'action sociale, qui demande d'avoir des éléments précis d'appréciation. Interpellée par les ASH, elle rappelle notamment que sa direction est extrêmement vigilante sur la qualité des jurys dans le cadre de la VAE et qu'un guide méthodologique leur est systématiquement remis.
(1) Voir ASH n° 2376 du 8-10-04.
(2) Aforts : 1, cité Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 53 34 14 74.
(3) Voir ASH n° 2370 du 27-08-04.