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Crise à l'IRTS de Parmentier : un conflit qui attise les craintes du secteur

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Malaise dans les établissements de formations sociales ? L' « affaire » de l'institut régional du travail social de Parmentier-IFRAD (Institut de formation et de recherche en aide à domicile et en établissement), dont la situation financière a tourné au bras de fer entre la direction, le personnel, les étudiants et le conseil régional (sur le détail des événements, voir le site des ASH, sur ash. tm. fr), a en tous cas ravivé et cristallisé toutes les inquiétudes du secteur. A l'origine du conflit : la décision de résorber un déficit par sept départs de responsables de secteur, dont quatre procédures de licenciement en cours, au risque de démanteler l'organisation pédagogique de l'institut, tête de proue du secteur de la formation dans la région et sur le territoire national. Les pratiques du directeur de l'établissement sont explicitement mises en cause. Mais en pleine régionalisation des formations et dans un contexte social tendu, la grave crise qui agite l'institut Parmentier depuis quelques mois remue tout le landernau du social. A l'appel de la coordination des personnels et des étudiants de l'établissement, formateurs, étudiants venus d'autres centres de formation et personnalités du secteur, réunis sur le thème des « menaces sur le travail social », ont rempli, le 13 janvier, l'amphithéâtre de la Bourse du travail, à Paris.

« La subvention annuelle moyenne par étudiant pour les formations en travail social en Ile-de-France est de 4 300en 2004, alors que la moyenne de la dépense publique pour les formations supérieures en France est de 8 370par an », pointe Christine Bon, responsable du département recherche de l'IRTS Parmentier (elle-même sur la sellette), évoquant « la dévalorisation et la déprofessionnalisation des métiers du social ». « Le conflit est le processus avant-coureur de ce qui peut atteindre les autres centres de formation », estime le sociologue Michel Chauvière, attribuant ces tensions à « l'ambiguïté entre statut privé et public » qui a toujours prévalu dans le secteur. Dénonçant des logiques purement gestionnaires à l'œuvre, plusieurs participants ont appelé à une mobilisation générale des établissements de formation.

Parmentier, symptôme d'une tendance générale ? Plutôt un épiphénomène, si l'on considère les caractéristiques propres à cette crise. Outre sa fusion avec l'IFRAD, qui semble avoir été décisive dans son déséquilibre financier, l'IRTS partage néanmoins avec d'autres plusieurs causes de son déficit, comme le taux de financement des places nouvelles, l'augmentation des frais immobiliers, le poids de la convention collective de 1966... Il est toutefois encore trop tôt pour mesurer les conséquences de ces évolutions dans un contexte décentralisé. A la direction générale de l'action sociale (DGAS), on rappelle que, conformément à la décision de la commission consultative d'évaluation des charges du 1er décembre, l'Etat a largement compensé le transfert des compétences. En Ile-de-France, en outre, le conseil régional joue le jeu. «  II a voulu assurer la continuité de l'appareil de formation et prendre en compte la réalité des besoins, au risque d'assurer un surcoût », se félicite-t-on à la direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS).

Il n'empêche. La vigilance est de mise au sein des réseaux de formation. La régionalisation, mais aussi le développement de la validation des acquis de l'expérience (VAE) et de l'apprentissage, redistribuent immanquablement les cartes (1). Avec, en perspective, le renforcement des logiques gestionnaires. « Nous allons être amenés à disposer d'une comptabilité analytique pour suivre précisément l'utilisation des subventions, explique Albert Klein, secrétaire général adjoint du Groupement national des instituts du travail social (GNI). Il va falloir par ailleurs adapter les effectifs à l'individualisation des parcours et à la pédagogie de l'alternance. » Le problème du financement de l'activité « recherche » des établissements, non transféré, se pose également, selon que les formations sociales sont régies par le pôle « enseignement supérieur » ou « formation professionnelle » au sein des conseils régionaux. Le GNI a alerté la DGAS sur le sujet.

Geneviève Crespo, directrice de l'Ecole supérieure de travail social de Paris et déléguée régionale de l'Association française des organisations de formation et de recherche en travail social (Aforts), juge également que les établissements vont traverser une période de grande déstabilisation. « Le conseil régional estime que les étudiants en cours d'emploi doivent entrer dans le cadre de la formation professionnelle, et non plus de la formation initiale », précise-t-elle. Ce qui aura des incidences en matière de dotation. La volonté des conseils régionaux de « lisser » les taux de financement entre les établissements constitue un autre facteur d'incertitude, sans compter l'arrivée de nouveaux acteurs qui risquent d'aviver la concurrence. « Nous avons pronostiqué un début d'année difficile, notamment pour les formations de niveau V, surtout dans les petites structures, du fait de la multiplication des opérateurs. Dans certains centres, nous enregistrons une baisse de la demande de 50 à 60% », constate Elisabeth Javelaud, directrice générale de l'Aforts. Cette réalité, sur laquelle se grefferont les orientations des conseils généraux en matière de formations, risque d'entraîner, selon elle, des assouplissements et des réductions d'effectifs dans les centres.

Reste qu'il appartient aux DRASS d'assurer leurs prérogatives de garde-fou en matière de contrôle pédagogique. En cela, la crise de l'IRTS de Parmentier, première significative depuis la décentralisation des formations sociales, n'est pas anodine. Les services déconcentrés de l'Etat ont effectivement manifesté leur souhait de voir l'établissement concilier le maintien de la qualité des formations et le retour à l'équilibre budgétaire. Autre signe plutôt positif : le coup de semonce du conseil régional, qui a affiché sa volonté de préserver l'organisation pédagogique de l'établissement et « sa capacité à répondre à ses missions de service public ». Mais les institutions auront-elles partout la même vigilance à l'égard de la qualité des formations ?

M. LB.

Notes

(1)  Voir aussi notre enquête, dans ce numéro.

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