Le volet « éducation » du projet de loi pour l'égalité des chances, annoncé par Dominique de Villepin le 1er décembre (1) et qui devrait être présenté officiellement en janvier, suscite « l'indignation » du Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique (SNUAS-FP) -FSU (2). Au cœur de ses critiques : la logique de responsabilisation et de pénalisation des familles.
Il souligne que, selon les termes du Premier ministre, les enfants en difficulté, et non pas seulement les absentéistes, sont visés par le contrat de responsabilité parentale auquel les parents devraient adhérer sous peine de sanctions financières. Cet amalgame, qui encourage la stigmatisation, « renforce une conception très sécuritaire de l'éducation et marque un renoncement à toute politique ambitieuse pour répondre aux difficultés des élèves », estime le syndicat.
Le caractère coercitif du contrat, contraire au principe de l'adhésion des familles, compromet ses chances de réussites, ajoute-t-il. Le Carrefour d'échange technique de la tutelle aux prestations sociales enfants (CETT) (3) s'oppose d'ailleurs à la suppression des allocations familiales et à leur mise sous tutelle pour sanctionner les familles. La tutelle aux prestations sociales enfants (TPSE) est, selon l'association, « par essence une mesure de protection de l'enfance (et de la famille) et de promotion des capacités parentales ». Son caractère judiciaire, qui garantit les droits des parents dans un débat contradictoire, lui « apparaît essentiel à préserver et à renforcer même, dans l'arsenal des mesures d'assistance éducative à disposition des juges des enfants ».
Le SNUAS déplore en outre qu' « une fois encore », le service social scolaire, à même d'intervenir sur les premiers signes de « décrochage » et de déclencher des mesures éducatives, soit ignoré. Il regrette que la réforme des zones d'éducation prioritaire (ZEP) annoncée le 13 décembre (4) ne prévoie pas de créations de postes d'assistants de service social scolaire, qui n'ont pas vu leur nombre augmenter depuis trois ans. Il exige des créations de postes massives, dont 200 immédiatement dans les collèges « ambition réuss ite », définis comme ceux qui concentrent le plus de difficultés.
De son côté, l'Observatoire des zones prioritaires (OZP) (5) se félicite de la volonté de recentrer les efforts sur les zones les plus en difficulté. Mais si les actions en direction des individus, privilégiées par Gilles de Robien, sont nécessaires, estime l'OZP, elles doivent être « complétées, dans les ZEP, par une action globale en direction des territoires ».
L'observatoire estime par ailleurs que la formation des maîtres devrait prioritairement leur permettre d' « acquérir, d'une part la conviction de l'éducabilité de tous, même des plus démunis et des plus éloignés de l'école, d'autre part la compétence professionnelle permettant de maintenir les exigences, même avec des élèves que le fatalisme ambiant abandonnerait volontiers à leur sort ». Le recrutement d'enseignants supplémentaires risque d'être un effet d'annonce, estime-t-il, si les candidatures ne suivent pas. Alors que les avantages financiers ne suffisent pas à créer des vocations, « la conscience des enjeux sociaux et éducatifs », dans le cadre d' « un projet local cohérent », pourrait, selon l'OZP, être un facteur d'attrait.
(1) Voir ASH n° 2433 du 9-12-05.
(2) SNUAS-FP-FSU : 3/5, rue de Metz - 75010 Paris - Tél. 01 44 79 90 43.
(3) CETT : 13, place de Rungis - 75013 Paris - Tél. 06 80 64 30 19.
(4) Voir ASH n° 2434 du 9-12-05.
(5) OZP : 20, rue Henri Barbusse - 92230 Gennevilliers - Tél. 01 47 33 17 93.