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« Le SSAE doit continuer »

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Après le transfert à l'Agence nationale de l'accueil et des migrations (ANAEM) de ses missions de service public, le Service social d'aide aux émigrants (SSAE) a décidé de continuer son activité associative. « Il est urgent qu'il poursuive son combat pour le respect des droits des étrangers », argumente Frédéric Tiberghien, son nouveau président (1).
Comment avez-vous vécu le transfert de vos missions de service social ?

Créer une agence qui permette d'améliorer l'accueil et l'insertion des étrangers était en soi une bonne idée. Mais fallait-il intégrer le service social ? Les assistants sociaux sont des tiers de confiance auxquels s'adressent les étrangers. Le SSAE a ainsi toujours eu une tradition d'accueil sans condition des étrangers en situation irrégulière. Nous estimons que le service social est mieux rendu par une association, qui a une certaine distance avec les pouvoirs publics, que par une agence gouvernementale qui arbore le drapeau bleu, blanc, rouge sur son fronton. On peut regretter également la lenteur du processus de rapprochement : annoncé en avril 2003, il n'a été effectif qu'en octobre 2005. Ce qui a beaucoup perturbé les salariés. Enfin, y a- t-il lieu de se réjouir quand, sur 380 agents du SSAE, près d'un tiers a décidé, malgré les efforts des pouvoirs publics pour rendre les conditions d'intégration plus attractives, de ne pas rejoindre l'ANAEM ?

Pourquoi poursuivre votre activité associative ?

L'association a un objet social depuis 1930 : aider et protéger les migrants, particulièrement les plus fragiles. Son combat pour le respect des droits et contre les discriminations conserve toute son actualité aujourd'hui alors que s'aggravent les problèmes de logement des étrangers, d'accès au travail, d'obtention du statut de réfugié... Même si nous avons perdu notre mission de service public, il nous semble urgent de continuer à faire passer notre message.

Vous renouez avec votre vocation militante ?

Nous allons effectivement retrouver une vocation plus militante. Tout en restant néanmoins dans notre ligne d'action :il ne s'agit pas de dénoncer pour dénoncer, mais d'exprimer la réalité sociale que vivent les étrangers en formulant des propositions à la clé.

Comment allez-vous procéder ?

Nous souhaitons contribuer au débat public sur la place des étrangers dans la société au moment où se dessine un changement profond des politiques d'immigration. Faut-il passer par une politique de quotas, assouplir ou non les règles du regroupement familial, encourager ou non les mariages de Français avec des étrangers ? Toutes ces questions sont sur l'agenda politique. Nous sommes également persuadés qu'après la suppression des monopoles de placement réservés à l'Office des migrations internationales et à l'Agence nationale pour l'emploi, les entreprises joueront un rôle accru dans la recherche de main-d'œuvre qualifiée à l'étranger. Sur tous ces sujets, nous souhaitons intervenir de façon raisonnée et objective. En utilisant les moyens habituels des associations : revues, colloques, rencontres, publications. Mais aussi en nous appuyant sur le comité scientifique pluridisciplinaire, présidé par Catherine Withol de Wenden, que nous avons créé.

Quels sont vos moyens ?

Nous avons gardé la revue « Accueillir », le fichier des adhérents, le site Internet, et nous comptons développer les publications en lien avec des maisons d'édition. Nous envisageons aussi d'élargir l'équipe, de cinq à dix salariés permanents. Pour le reste, nous allons fonctionner avec des bénévoles : des personnes qualifiées, des anciens salariés du SSAE, des jeunes, des experts. Nous allons par ailleurs développer notre offre de services en direction des intervenants sociaux et des collectivités territoriales avec lesquelles nous avons une longue tradition de coopération. Plusieurs projets sont à l'étude : aide au recrutement et formation des administrateurs « ad hoc » chargés de suivre les étrangers mineurs, accompagnement social dans les prisons, aide à la réunification des familles éclatées entre plusieurs pays...

Et financièrement ?

Nous avons conservé une partie de nos fonds propres et nous comptons sur nos adhérents et nos prestations de services pour tourner avec un budget annuel d'environ 300 000 €. Nous n'excluons pas des financements publics dans le cadre de conventions sur des projets précis. Mais pas question de demander une subvention de fonctionnement à l'Etat :l'histoire récente nous a appris la prudence. Notre indépendance passe par notre autonomie financière.

Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  SSAE : 58 A, rue du Dessous-des-Berges - 75013 Paris.

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