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Les chances d'adoption sont très inégales selon les catégories sociales

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En France, chaque année, plus de 10 000 personnes font une demande pour adopter un enfant et ce chiffre a presque doublé en 15 ans. 8 000 obtiennent l'agrément, pour une durée de cinq ans. Au total, 25 000 candidats agréés étaient dans l'attente d'un enfant en 2003. La même année, 4 500 enfants ont été adoptés, dont 90 % nés à l'étranger (1).

Qui sont les candidats et les adoptants ? Une enquête inédite de l'Institut national d'études démographiques (INED), menée dans dix départements et sur 1 857 dossiers, permet de préciser leur profil (2). 89 % des candidatures sont déposées par un couple (marié dans 94 % des cas), près de 11 % par des femmes seules et 0,3 % par des hommes seuls. Ces deux dernières catégories sont nettement moins représentées que dans la population générale, soit par moindre désir d'enfant en l'absence d'un conjoint, soit par anticipation de la difficulté d'adopter dans cette situation. Difficulté réelle puisque, parmi les adoptants, la proportion des couples grimpe à 93 %, les femmes seules sont un peu moins de 7 % tandis qu'aucun homme seul n'a pu adopter.

« D'une catégorie sociale à l'autre, les chances de pouvoir adopter un enfant sont très inégales », souligne aussi l'INED. Pour les couples, la sélection apparaît, pour l'essentiel, en amont, lors des candidatures. Et elles sont légèrement accentuées par la procédure. Ainsi, alors que l'on compte 35 % d'ouvriers dans la population des départements étudiés, ils ne sont que 19 %parmi les candidats et 17 % parmi les adoptants. Les cadres, eux, sont 16 % dans la population de référence, 25 % parmi les candidats et 28 % parmi les adoptants.

Ces différences sont encore plus accentuées chez les femmes seules. Quasiment aucune ouvrière ne se lance dans l'adoption. Les employées sont 45 % dans la population, 24 % parmi les candidates et 18 % parmi les adoptantes. Les cadres sont 8 % dans l'échantillon analysé, 24 % chez les candidates et 34 % parmi les adoptantes.

Comment expliquer ces phénomènes ? Sans doute, pour une part, par l'auto-sélection et par une anticipation des chances de parvenir à adopter, « tant est répandue l'idée que l'adoption est réservée aux catégories les plus aisées », avance l'INED . Autres hypothèses, d'ordre culturel : un plus grand attachement au lien biologique dans les milieux populaires, ou bien un plus grand renoncement devant les difficultés de l'adoption internationale, face auxquelles « les milieux favorisés ou instruits se sentiraient mieux armés ». Reste aussi les inégalités directement liées au niveau de revenu, qui joueraient surtout pour les femmes seules, l'adoption internationale étant très difficile à réaliser avec un seul salaire, à moins que ce ne soit celui d'une cadre.

Notes

(1)  27 % en Asie, 27 % en Afrique, 26 % en Amérique et 20 % en Europe, les trois premiers pays d'origine étant Haïti, la Chine et la Russie. Globalement équilibré, le nombre de garçons et de filles adoptés est cependant très variable selon les pays : les garçons sont en grande majorité parmi les enfants venant de Russie et de Thaïlande, quasi inexistants parmi ceux nés en Chine.

(2)  Population & sociétés n° 417 - INED - Disp. sur wwww.ined.fr/publications.

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