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Emmaüs sonde les sans-abri sur ses centres d'accueil

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La bonne perception des travailleurs sociaux par les personnes sans abri et leur usage du 115 sont sans doute les enseignements les plus intéressants de l'étude que l'association Emmaüs a confiée à l'institut BVA sur l'opinion des personnes hébergées dans ses centres (1), rendue publique le 13 décembre. Conçue dans l'objectif de faire entendre la parole des usagers auprès des associations et des pouvoirs publics afin d'aménager les dispositifs d'accueil, elle a été menée par des travailleurs sociaux formés à l'exercice auprès d'un échantillon de 401 sans-abri, interrogés du 17 novembre au 5 décembre 2005 dans les centres d'accueil, d'hébergement d'urgence et d'hébergement et de réinsertion sociale de l'association en région parisienne.

Une grand partie des résultats contribue à démonter, si besoin en était encore, des idées reçues partagées par une partie de l'opinion publique. L'enquête montre que, majoritairement (88 %), les sans-abri « veulent se fixer quelque part », le nomadisme étant un choix de vie pour seulement 9 % d'entre eux. 47 % effectuent des démarches pour s'insérer (57 % pour ceux qui travaillent).

Autre résultat qui bat en brèche certaines représentations : les sans-abri préfèrent en majorité (78 %) aller en centre d'hébergement pour une nuit seulement plutôt que de rester dans la rue. Ceux qui préfèrent attendre un hébergement pour une durée plus longue (19 %) sont les plus âgés et ceux qui sont à la rue depuis au moins cinq ans. La plupart (83 %) juge utile l'existence de centres d'accueil de nuit sans hébergement.

Comment les personnes sans domicile trouvent-elles leur place d'hébergement ? 48 % répondent que se rendre dans un lieu d'accueil où une personne peut les diriger est la meilleure solution ; 42 % déclarent préférer le 115 et 8 % prennent le risque de se rendre directement dans un centre, même s'il n'y a plus de place. Ces chiffres, selon Emmaüs, « interrogent l'organisation de la distribution des places libres à Paris et en région parisienne et montrent l'importance de la relation directe ».

De manière générale, les travailleurs sociaux sont bien perçus : 60 % des interrogés les citent comme les personnes qui les aident le plus « à s'en sortir », avant l'entourage (14 %) et la famille (8 %). 8 % estiment en revanche « qu'ils ne servent à rien ».

L'enquête confirme par ailleurs les difficultés de vie quotidienne des personnes à la rue. 44 %déclarent ne rien trouver à manger, souvent ou de temps en temps. 30 % expriment des difficultés pour accéder à une couverture maladie (couverture maladie universelle, aide médicale de l'Etat), 21 % pour prendre un traitement. 12 % affirment avoir essuyé des refus de soins de la part des médecins. En dehors de se nourrir et de trouver un abri, pouvoir « rester propre » reste le problème majeur (67 %), avant « se déplacer gratuitement » (38 %). « Le dispositif d'urgence est en effet organisé pour la "mise en mouvement" des personnes, sans donner les moyens aux personnes à la rue de se déplacer autrement qu'à pied », commente Emmaüs. Accéder aux soins est également une préoccupation importante (26 %), tout comme « avoir une vie sexuelle » (20 %) et satisfaire ses besoins naturels (12 %).

Si l'enquête n'a pas abordé plus en détail les problèmes « qualitatifs » et structurels du dispositif d'accueil, quelques réponses permettent d'esquisser les attentes. Ainsi, 69 % souhaitent que de nouveaux centres soient créés à Paris dans chaque arrondissement. 40 % des interrogés souhaitent voir développer les équipes de travailleurs sociaux afin que davantage de personnes sans abri acceptent d'être aidées et 37 % réclament l'ouverture de centres d'accueil de proximité à petits effectifs.

Malgré le poids du quotidien, les sans-abri « sont foncièrement optimistes », affirme Emmaüs. L'enquête montre en effet que 77 % pensent que leur situation va s'améliorer. A l'horizon de cinq ans, 82 % se voient vivre dans leur propre logement.

Notes

(1)   « L'opinion des personnes hébergées dans les centres de l'association Emmaüs sur leur vie quotidienne ainsi que sur l'hébergement d'urgence et d'insertion » - Avec le soutien du journal « Le Monde », de RTL et de la DRASSIF - Disp. auprès d'Emmaüs : 179 bis, quai de Valmy - 75010 Paris - Tél. 01 46 07 51 51.

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